Le Nouvelliste
L’économiste Kesner Pharel tente de ramener les nouvelles autorités sur terre
March 6, 2020, midnight
Installé cette semaine, le gouvernement de Joseph Jouthe est arrivé dans un contexte caractérisé par une menace de crise sanitaire mondiale avec le coronavirus. Cette situation risque de compliquer les marges de manœuvre des nouvelles autorités qui ont été pourtant très généreuses en promesses. Deux nouveaux décès liés au nouveau coronavirus ont été recensés mercredi 4 mars 2020 sur le sol américain, ce qui a fait passer à onze le nombre de morts aux Etats-Unis, où les parlementaires ont accepté de débloquer un budget de plus de 8 milliards de dollars pour endiguer l'épidémie. L’économiste Kesner Pharel souhaite vivement que les autorités américaines y parviennent. « Si l’environnement se dégrade, ce sera une très mauvaise chose pour Haïti. Cela risque d’aggraver la situation de recension du pays. Cela risque d’affecter notre principale source de devises, à savoir les transferts effectués généralement par les Haïtiens de la diaspora vers Haïti », prévoit Kesner Pharel, estimant que l’économie mondiale est sous la pression d’une triple crise, c’est-à-dire une crise sanitaire, une crise économique et une crise financière. Parce que nous entretenons des relations commerciales avec la Chine qui représente l’ « usine du monde », Kesner Pharel pense que les conséquences du coronavirus sur la chaîne de l’approvisionnement au niveau mondial risquent d’affecter également l’économie haïtienne. Et à côté de ce « choc externe », l’économiste prévoit que sur le plan interne, la situation sera très compliquée pour le nouveau gouvernement. « La situation ne sera pas facile à gérer sur le plan financier et monétaire », a déclaré l’économiste Kesner Pharel comme pour tenter de ramener sur terre le Premier ministre ainsi que son ministre de l’Économie et des Finances qui ont fait pas mal de promesses lors de leur installation. A l’émission Panel Magik vendredi matin, Kesner Pharel prévoit un taux de croissance négatif pour cette année encore. « Dans l’état actuel des choses, il n’y a aucune chance de parvenir à une relance de l’économie. Nous sommes au cinquième mois de l’exercice fiscal, les résultats pour le premier trimestre n’ont pas été au rendez-vous à cause du peyi lòk. On avait connu donc un ralentissement au niveau de l’économie. Nous sommes sur le point de rater le deuxième trimestre », note Kesner Pharel, qui souligne que seulement pour le trimestre le Trésor public avait enregistré un déficit budgétaire d’environ quinze milliards de gourdes. « Je ne vois pas comment on va pouvoir rentrer même 100 millions de gourdes dans le cadre budgétaire qu’on va mettre en place », dit-il. Kesner Pharel ne voit pas non plus comment le gouvernement va faire pour accueillir de nouveaux investissements privés pour encourager la création d’emplois dans le pays. « Le choix de Joseph Jouthe ne veut pas dire que la crise politique est résolue. La crise est encore là et avec cette crise on ne peut pas s’attendre à des investissements privés », fait-il remarquer. Dans son discours qu’il a tenu lors de son installation jeudi, le nouveau ministre de l’Économie et des Finances a promis de « promouvoir une croissance forte et faciliter l’accès de la population aux besoins de base, faire d’Haïti une terre propice à l’investissement privé et attractif pour le tourisme et créer des emplois et des conditions pour l’épanouissement des jeunes ».