Le Nouvelliste
Peu de financement pour lutter contre la malnutrition
Feb. 18, 2020, midnight
Alors que la malnutrition aiguë sévère est en nette augmentation à travers le pays, l’enquête SMART sur la situation nutritionnelle des enfants de 5 à 69 mois a révélé que les services de prise en charge de ces cas ont beaucoup diminué en Haïti. En effet, le retrait de plusieurs partenaires du système sanitaire spécialisés dans la stratégie de Prise en charge de la malnutrition aiguë (PCMAG). Ces spécialistes ont désisté à cause du rétrécissement du financement international. Le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), disposant d’une allocation budgétaire estimée à moins de 5% du budget national, lance un cri d’alarme. « Il y a urgence, il faut rapidement intervenir », s'est inquiété la coordinatrice du programme de nutrition du MSPP, le Dr Joseline Marhône Pierre, soulignant qu’au niveau national, l’état nutritionnel des enfants montre une détérioration comparativement à l’enquête de 2012 où la prévalence était de 4,10%. Dans six départements sur onze, la malnutrition aiguë globale est dans une mauvaise situation. Il s’agit de l’aire métropolitaine (l'Ouest), le Sud-Est, le Nord, le Nord-Est et la Grand-Anse Les résultats de cette enquête nutritionnelle de janvier 2020 organisée en Haïti, montrent que la malnutrition aiguë globale regroupant les taux de malnutrition aiguë sévère et modérée est en hausse dans six départements sur 11 domaines (6,0%) et connait une augmentation significative par rapport à la situation de 2012. Aussi, les résultats ont révélé que la malnutrition sévère (MAS) (2,1%) est légèrement au seuil d’urgence de 2% au niveau national mais dépasse ce seuil uniquement dans le cas de l’aire métropolitaine (2,5%). Quant à la mortalité, la situation ne semble pas préoccupante, avec des taux de 0,14 décès pour 10 000 personnes par jour et de 0,10 décès pour 10 000 enfants de moins de 5 ans par jour. D’un autre côté, la malnutrition chronique est très élevée dans le Centre et dans le Sud-Est. La sécheresse qui s’abat sur le pays ne favorise pas l’amélioration de l’état nutritionnel des enfants. Les turbulences sociopolitiques (peyi lòk), la dévaluation de la gourde sont entre autres facteurs aggravants de la situation. Face à cette situation, Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF, appelle partenaires et donateurs à redoubler d’efforts afin de continuer à combattre efficacement la malnutrition en Haïti. « Nous espérons que les nouvelles données révélées par l’enquête serviront à sensibiliser davantage à la lutte contre la malnutrition », a-t-il déclaré.