Le Nouvelliste
Accord entre l’Université Quisqueya et la Brana pour financer la recherche scientifique sur le pitimi
Feb. 3, 2021, midnight
Pour le recteur de l’Université Quisqueya, Jacky Lumarque, intervenant à la conférence de presse donnée en marge de la signature de cet accord, la Brana, mettant à la disposition de l’UniQ ces 500 000 dollars, ne fait que financer la confiance dans la connaissance, dans la capacité de la connaissance à améliorer la production. C’est la première fois qu’une entreprise privée, si l’on en croit le communiqué de presse publié en marge de la signature de l’accord entre ces deux entités, finance avec ses fonds propres la recherche universitaire. Cette décision a pour effet de favoriser la production nationale, de créer des emplois et de participer à la création de richesses. En finançant la recherche scientifique, la Brana fait du désordre car le secteur privé en Haïti ne fait pas ces choses, a noté Jacky Lumarque. « Ce qui peut se comprendre aisément car le secteur privé fait de l’import-export (achat et revente)[…] Un entrepreneure faisant de l’import-export, de l’assemblage pour l’exportation ou pour la consommation locale n’a pas besoin de financer la connaissance », a reconnu le recteur Lumarque, soulignant que l’État haïtien ne finance pas non plus la recherche scientifique. Depuis un certain temps, la banque centrale met en place un fonds pour la recherche scientifique, a-t-il admis. « C’est un premier pas dans la bonne direction », a concédé Jacky Lumarque, assimilant le financement de la Brana à un signal fort, un message susceptible d'encourager les autres acteurs à faire de même. « La décision de la Brana intervient dans un contexte général où même les coopérants internationaux n’accordent aucune importance à la recherche », a poursuivi Jacky Lumarque, insistant sur le fait que la recherche peut servir le développement. À ce propos, Daaf Van Tilburg, directeur général de la Brana, a réitéré la volonté de la Brana, qui compte parmi les grandes compagnies en Haïti, de contribuer au développement économique du pays. À en croire l'entrepreneur, la Brana participe actuellement à la création d’environ 30 000 emplois directs et indirects à travers le pays. Saluant le début d’un beau mariage entre le secteur privé et l’université, le doyen de la FSAE, Gaël Pressoir, a qualifié la Brana de pionnière dans l’investissement dans la recherche et le développement en Haïti. « À l’étranger, toutes les compagnies agro-alimentaires investissent dans la recherche », a-t-il indiqué, félicitant la Brana qui, a-t-il ajouté, croit dans l’utilisation de la production nationale pour la fabrication de ses produits (Malta H et la bière Kinanm). Selon la directrice de ce programme pour la Brana, Béatrice Gérard, un gros pas vient d’être franchi dans l’agriculture du pays, en particulier dans la production de pitimi dont dépendent environ 33% des agriculteurs. « Depuis presque cinq ans la production de pitimi est en déclin […] Aujourd’hui, plus que jamais avec la question du changement climatique et de la dégradation de l’environnement, nous estimons que la recherche reste un moteur clé pour le développement de l’agriculture », a déclaré Béatrice Gérard. Selon Gaël Pressoir, la production nationale de pitimi était passée de 100 000 tonnes à 14 000 tonnes avant de connaitre ces derniers temps une remontée entre 40 000 et 60 000 tonnes. « Grâce au secteur privé, sans l'aide de l’État ni celle de la coopération internationale, la FASE est en train de se constituer en le plus gros centre de recherche du pays », a affirmé le recteur Lumarque, notant que la Brana vient d’inaugurer une grande avenue pour les paysans comptant parmi les plus pauvres du pays. « Nous invitons le paysan haïtien à accroître sa production mais il n’y a pas de marché pour écouler cette production […] 40% de la production agricole du pays périt faute de marchés de proximité et faute de routes […] Donner un marché aux paysans, c’est les aider à créer de la richesse », a soutenu le recteur Lumarque, applaudissant cette initiative de lutte contre la pauvreté de la Brana devant permettre de « renforcer nos efforts comme élite académique pour nous connecter avec le reste de la société, en particulier avec le monde rural, les agriculteurs, les producteurs et les paysans ».