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Le Nouvelliste

Coronavirus en Haïti: des réponses économiques sont possibles

March 24, 2020, midnight

Depuis quelques mois, tous les pays du monde font face au coronavirus et s’inquiètent de son impact sur le devenir de leur économie. La reconnaissance par les autorités haïtiennes de l’existence de personnes atteintes de ce virus sur le territoire national commande une réflexion et des mesures destinées à résoudre les problèmes économiques relatifs aux restrictions et au confinement auxquels la population haïtienne est confrontée. Les autorités haïtiennes ont à leur disposition deux types d’outils. Les outils monétaires La Banque de la République d’Haïti (BRH) a déjà annoncé un train de mesures monétaires devant prendre effet le 23 mars 2020, suivant ainsi l’exemple des banques centrales des pays déjà frappés par cette pandémie. Ces mesures, prises après des rencontres avec l’Association professionnelle des banques (APB), visent à faciliter la gestion du crédit dans le système bancaire formel. Parmi ces mesures, il convient de saluer l’obligation du moratoire de trois mois pour tout débiteur qui en fait la demande. Cette disposition est d’importance, car l’économie haïtienne peine à reprendre vie après les troubles du «peyi lòk » des derniers quatre mois de l’année 2019. La pandémie constitue un choc de plus, un autre choc de trop.  Il est à regretter que la BRH n’ait pas eu une attention particulière pour les prêts dans le secteur informel, autre poumon de l’économie, à travers le microcrédit en particulier. Les outils fiscaux Les autorités fiscales ont annoncé la publication prochaine d’une liste de mesures d’accompagnement destinées à aplanir les difficultés économiques occasionnées par la présence du Coronavirus sur le territoire. En attendant, la vie économique est au ralenti : de nombreux employés du secteur privé ou du secteur public sont en chômage technique, les activités du secteur informel sont en veilleuse, le secteur libéral est à l’arrêt.  N’aurait-il pas été économiquement plus judicieux dans le contexte du pays que les autorités étatiques trouvent d’autres formules que l’accompagnement- confinement avec salaire, travail à distance par exemple ? Comment répondre efficacement aux besoins dans le secteur informel ? Côté santé, la population a besoin d’être rassurée. Les autorités ne devraient-elles pas faire savoir que les coûts associés au dépistage et au traitement de ce virus seront pris en charge par l’État ? Ne faudrait-il pas prendre des mesures fiscales incitatrices afin que les produits de base qui peuvent barrer la route au virus soient disponibles gratuitement sur l’ensemble du territoire ?  Le nouveau gouvernement a annoncé, en grande pompe, la création du bureau du secrétaire d’État à la Mobilisation fiscale. Il sera temps, une fois que ce fléau aura quitté le territoire, de mobiliser les forces vives du pays pour une énième campagne contre la fraude fiscale. Il est plus important, pour le moment, de protéger la vie des citoyens avec un plan économique de lutte contre le virus. Ce plan pourrait calmer les appréhensions justifiées de la population. Ce plan, c’est l’affaire des autorités fiscales et monétaires pour sa mise en route. De concert, elles pourraient combiner de manière efficace et innovante les ressources disponibles pour le bien de toute la société. Les autorités fiscales gardent le silence, pour le moment. Ce silence ne peut se prolonger trop longtemps car chaque heure compte. Il nous faut un vrai « Plan Marshall Haïtien». Tout le monde attend.