Le Nouvelliste
Les Olympiades nationales Haïti Sciences 2020 et les métiers d’avenir
Sept. 18, 2020, midnight
Il s’est tenu le 4 août dernier, sous les auspices de la chaire UNESCO-ISTEAH Femmes et Sciences pour le Développement, la première édition des Olympiades nationales Haïti Sciences à laquelle s’étaient inscrits plus de 550 élèves du nouveau secondaire 3 (NS3) et de NS4. Le tableau 1 indique la répartition des participants par commune et par département du pays, alors que le tableau 2 présente la liste des 14 lauréats de la compétition, dont 5 filles. Le tableau 3 regroupe les 11 écoles qui se sont le mieux signalées à cette compétition, tandis que le tableau 4 précise les communes dont les élèves ont obtenu les meilleures notes. La cérémonie de remise des prix a eu lieu le vendredi 18 septembre 2020 par vidéoconférence, réunissant les différents établissements d’attache des lauréats. Plusieurs personnalités y ont pris part, parmi lesquelles : Monsieur Edrick Richard Richemond, spécialiste de programme Éducation à la Commission nationale de l’UNESCO ; Madame Odette Roy-Fombrun, membre honoraire du conseil d’administration de l’ISTEAH; le professeur Alfred G. Noël, du département de mathématiques de l’université du Massachusetts à Boston, directeur du Centre de recherches mathématiques de l’ISTEAH; la professeure Rose-Michelle Smith, titulaire de la chaire UNESCO-ISTEAH Femmes et Sciences pour le Développement. Quel avenir pour ces jeunes intéressés aux mathématiques et aux sciences ? Quand on considère le taux de chômage élevé de nos jeunes diplômés, il s’avère opportun d’orienter les finissants du secondaire vers les nouveaux métiers du XXIe siècle, dont une bonne partie requiert de solides aptitudes en sciences et en technologie. En effet, pour embrasser une carrière scientifique ou technologique, il est nécessaire d’acquérir et de maîtriser des connaissances de base en mathématiques. Le travail, la rigueur et la persévérance sont les maîtres mots de la réussite, et des efforts continus sont exigés pour y parvenir. Les mathématiques sont omniprésentes dans de nombreux métiers et offrent des débouchés intéressants. En plus de la profession d’enseignant, qui emploie un grand nombre de diplômés en mathématiques, nous présentons ici un échantillon de métiers exercés par ces derniers : actuaire, analyste de crédit, analyste financier. L’actuaire travaille au sein des compagnies d’assurances. Sa mission est de calculer les risques et de prévoir tous les aléas d’une situation donnée, de manière à rédiger un contrat d’assurance qui ne laisse aucune place à l’imprévu et qui maximise les bénéfices de la compagnie. Au sein d’une banque, l’analyste de crédit évalue la capacité et les garanties de remboursement présentées par un client particulier ou une entreprise qui demande un prêt. Ce professionnel du crédit a pour mission de mesurer le risque encouru par son employeur à accorder un prêt. L’analyste financier étudie la valeur des entreprises. Il a pour vocation d’établir un diagnostic sur l’évolution d’une entreprise pour conseiller des clients investisseurs ou des opérateurs boursiers. Pour ce faire, il tient compte d’indicateurs financiers mais aussi économiques et sociaux afin d’établir une analyse précise de la pérennité et de la rentabilité des établissements. Il peut travailler dans les banques, dans des sociétés d’investissement, dans des organismes de gestion des fonds de pension, entre autres. Les mathématiques et l’informatique sont des disciplines connexes qui font toutes deux appel à des concepts et à des aptitudes en résolution de problèmes. Les diplômés dans ces domaines pourront travailler dans les sociétés de service informatique, les banques, les ministères, les parcs industriels, etc. Ils peuvent aussi enseigner dans les écoles d’informatique, les écoles de commerce et les écoles de gestion. On les retrouve dans des postes d’informaticien, d’administrateur de bases de données ou de directeur des données (chief data officer). Enfin, les diplômés en mathématiques-informatique puisent dans des outils assez larges tels que les techniques d’analyse, les mathématiques discrètes, le calcul formel, la théorie des nombres, l’algèbre appliquée, la théorie des probabilités ainsi que l’informatique pour coder (transmission, compression d’images), tester des algorithmes (afin de se prémunir contre les piratages informatiques), et faire de l’analyse numérique. Les diplômés en mathématiques-statistiques ont accès aux emplois disponibles dans le secteur du conseil : instituts de sondage, sociétés de conseil, entreprises de services du numérique, analytique, analyse de données massives (Big Data). En Haïti, ces diplômés peuvent travailler à l’Institut haïtien de statistiques et d’informatique (IHSI), dans les ministères et dans les banques. Enfin, le secteur de l’assurance et de la finance est toujours à la recherche de bons statisticiens pour calculer les risques et minimiser les pertes. La chimie est omniprésente dans notre quotidien : dans les téléphones portables, les cosmétiques, les automobiles, les protéines, les hormones, les vitamines, les circuits électroniques, les écrans de télévision, le savon, les médicaments, les plastiques, les peintures, etc. Le chimiste détient l’art de combiner des atomes pour créer de nouvelles molécules. Il est donc l’architecte des molécules du futur. Les grandes inventions technologiques du début du XXIe siècle n’auraient pas pu voir le jour sans l’apport des chimistes. La biologie joue, quant à elle, un rôle essentiel dans le domaine de la santé et du médicament. L’industrie de la santé mise beaucoup sur les avancées scientifiques dans le secteur de la bio-ingénierie et de la biomécanique, disciplines qui consistent à manier des instruments de haute technologie dans le milieu médical. Avec la biologie et la physique, la chimie apporte des réponses aux grands défis de l’heure : l’énergie à profusion sans réchauffer le climat, le progrès sans la mort de la planète, la santé sans le monopole des sociétés développées. Parmi les métiers de la biologie-chimie, nous pouvons mentionner : biologiste marin, biochimiste, chimiste de l’environnement, chimiste industriel, chimiste judiciaire, superviseur du contrôle de la qualité, spécialiste en criminalistique (chimie judiciaire), journaliste scientifique, vulgarisateur scientifique. Une formation en biologie-physique correspond à un profil de biophysicien. Ce profil rend apte à comprendre les phénomènes biologiques des cellules et molécules (humaines et animales), en combinant des outils de la biologie et de la physique pour concevoir des produits utilisant des molécules biologiques ou des biomembranes artificielles (par exemple, des vaccins, des médicaments, des organes artificiels, des aliments de conservation, etc.). Il donne la capacité de travailler au sein d’équipes multidisciplinaires pour l’industrie biomédicale, pharmaceutique ou biotechnologique. Il permet aussi de travailler comme physicien médical, pour planifier des traitements par rayonnement des patients atteints du cancer, avec la collaboration du médecin radio-oncologue. Il rend enfin apte à contrôler la qualité de l’équipement, la conception des installations de radiothérapie, l’utilisation sécuritaire des rayonnements et des matériels radioactifs. En milieu industriel, de nombreux physiciens et chimistes sont recrutés pour pratiquer la modélisation et la simulation afin de prévoir les comportements des procédés industriels, des produits et des matériaux. Ces comportements varient en fonction de paramètres multiples à circonscrire. La connaissance des lois physiques, thermiques, mécaniques, chimiques permet de recourir à la modélisation pour décrire sur ordinateur des phénomènes prévisibles découlant de contraintes imposées aux structures observées (procédés-produits-matériaux). Le physicien ou le chimiste recourt alors à l’outil mathématique des équations à dérivées partielles pour modéliser une réalité très complexe, et aux méthodes d’analyse numérique pour trouver des solutions approchées à ces systèmes d’équations complexes (comme la méthode des éléments finis). Qu’en est-il des ingénieurs? Le génie civil demeure l’une des plus vieilles disciplines du génie. Il occupe une place importante dans l’économie dont la vigueur est souvent corrélée au nombre et à l’importance des projets de construction. Dans un pays en voie de développement comme Haïti, c’est le domaine du génie qui emploie le plus grand nombre de personnes. Le ministère des Travaux publics, Transports et Télécommunications (MTPTC) embauche un fort contingent d’ingénieurs civils. Il octroie également des contrats à des firmes de génie civil qui emploient un grand nombre d’ingénieurs de cette discipline. En Haïti, on retrouve des diplômés en génie civil dans des emplois de construction de routes, d’édifices de toute nature, de réseaux d’égout et d’aqueducs, de ponts, de quais, de marchés publics. Les transports, les structures et les ressources hydriques constituent les trois grandes subdivisions dans lesquelles œuvrent la plupart des ingénieurs civils en Haïti. Les diplômés en génie informatique intègrent des compétences disciplinaires en langage informatique, en programmation, en analyse et conception de systèmes, en architecture des logiciels, en bases de données, en intelligence artificielle, en données massives (Big Data), en réseautique, en objets connectés, en jeux vidéo, en technologies du Web, en développement d’applications mobiles et en blockchain. Ils trouvent des débouchés auprès des employeurs qui font face à des attentes de plus en plus complexes de la part des utilisateurs, qui souhaitent des systèmes ouverts intégrant produits, logiciels et services. Ces systèmes font intervenir des compétences en télécommunications, en informatique et technologies numériques. Ces diplômés trouvent des débouchés dans tous les secteurs d’activité : assurances, banques, entreprises de télécommunications, ministères, hôpitaux, firmes de sondage et de marketing, bureaux de consultation en informatique, entreprises de conception de logiciels et de bases de données, entreprises de conception d’outils informatiques d’aide à la décision, sociétés de services de téléphonie et de paiement mobile par Internet, etc. Évidemment, il existe d’autres disciplines du génie parmi lesquelles le génie électrique, le génie mécanique, le génie industriel, le génie minier, le génie chimique, le génie physique, le génie biomédical, le génie aéronautique, etc. Très peu d’établissements universitaires en Haïti offrent des programmes d’études spécifiques dans ces disciplines. Car, pour bon nombre d’entre elles, les possibilités d’emploi sont conditionnées par l’existence d’un tissu industriel innovant, capable de produire des biens et services à valeur ajoutée destinés à une économie ouverte sur le monde. Quand on connaît le caractère chétif et sans audace du secteur industriel haïtien et l’absence d’une politique industrielle crédible au pays, ce n’est donc pas pour demain que nous allons voir émerger des emplois massifs dans ces disciplines du génie en Haïti.