Le Nouvelliste
Des partis politiques de l'opposition écrivent au secrétaire général des Nations unies
July 2, 2020, midnight
Dans leur lettre, les différents partis et regroupements de leaders de l’opposition ont porté à la connaissance du secrétaire général de l’organisation planétaire, António Guterres, la gestion jugée « calamiteuse » de la pandémie de coronavirus en Haïti, « le dysfonctionnement des institutions de l'État, des efforts du président Jovenel Moïse de parvenir à un consensus politique et de ses difficultés à élaborer un programme ambitieux de réformes et de relance de l’économie » ; de l'apport du BINUH dans la mise en œuvre d'un projet de « révision de la Constitution et de la tenue prochaine d'élections législatives et locales ». Ils estiment d’entrée de jeu que le rapport qui a été présenté au Conseil de sécurité sur l'évolution de la situation en Haïti fait par le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) « ne tient pas compte de certains facteurs importants et même primordiaux dans la compréhension de la crise qui secoue actuellement Haïti ». 7 février 2021, la crise annoncée Dans une lettre signée de Edgard Leblanc Fils (OPL), Sadrac Dieudonné (MOCHRENHA), Edmonde Supplice Beauzile (FUSION), Génard Joseph (VÉRITÉ), Kénol Mathieu (VEYE YO) Paul Denis (INIFÒS), Marjory Michel et Nenel Cassy du Secteur démocratique et populaire, Jean Baptiste Bien Aimé et Hugues Celestin de Initiative Patriote Marien - IPAM, Youri Latortue (AAA), Sorel Jacinthe (INITE) dont copie a été envoyée au Conseil permanent de l’OEA, au Conseil de l’Union européenne, et au Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme, il est fait mention du mandat présidentiel comme une question fondamentale. Elle est l’une des raisons fondamentales de l’échec des pourparlers entamés sous l’égide du BINUH en collaboration avec la nonciature apostolique autour d’une sortie de crise. « Aujourd’hui, juristes, universitaires de toutes tendances argumentent, à partir d’analyses sérieuses de la Constitution et du décret électoral, que le mandat du président Jovenel Moïse prendra fin le 7 février 2021 alors que celui-ci prétend rester au pouvoir jusqu’en 2022. Cette question de la date du départ de l’actuel Président est escamotée. Elle met en question la validité de tous les efforts de relance du dialogue national ». L’organisation des prochaines élections Ces partis de l’opposition affirment qu’il est évident que l’exécutif n’a ni les moyens ni la crédibilité pour avancer dans ces domaines si délicats qui permettraient d'assurer la transparence et l’honnêteté de joutes électorales inclusives. Toujours selon ces responsables de partis, la perception que le rapport du BINUH laisse entrevoir que l’on puisse avancer vers l’organisation des indispensables élections pour retourner à une stabilité institutionnelle, à partir de démarches connexes sur la livraison de cartes électorales ou sur la réforme constitutionnelle n’est pas fidèle à la réalité. « En ignorant les dispositions constitutionnelles, en faisant fi du cadre réglementaire de fonctionnement des institutions de l’État, en s'écartant délibérément des principes de la Charte des Nations unies, en ayant une conception étroite et partiale de la démocratie, l’exécutif marche vers une précipitation qui risque de tout chambouler. […] Le président Jovenel Moïse ne pourra pas organiser, seul et par décret, des élections honnêtes, inclusives, transparentes et crédibles. Aucune révision constitutionnelle ne peut se concevoir en dehors d'un consensus national. » Insécurité alimentée par l’équipe au pouvoir Ces partis de l’opposition persistent à dire que «l’implication, désormais prouvée, de l’exécutif dans le soutien à certains gangs armés pour le contrôle de zones à fort potentiel électoral n'est pas non plus suffisamment signalée dans le rapport, ce qui met en cause l’un des objectifs majeurs de la mission en Haïti qui est le rétablissement et le maintien de la sécurité ». Ils ont cité un rapport du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) soulignant que Jimmy Chérizier, alias Barbecue, ex-policier, chef de gang recherché par la police, a le 23 juin 2020 fédéré avec force publicité des groupes armés baptisés « G-9 an fanmi ». Il s'agit d'une coalition de neuf chefs de gangs. Dans son rapport paru le mardi 23 Juin, le RNDDH a écrit que «le G-9 est aujourd'hui puissant au niveau du pouvoir. Ses membres participent à des rencontres de haut niveau, sont consultés par les autorités étatiques et leurs conseils sont pris en compte». Par ailleurs, ces partis et regroupements politiques de l’opposition - qui n'ont cessé de réclamer la démission du chef de l'État - continuent de réitérer leur appel à la mise en place d’une transition. « Rien ne peut arrêter la marche du temps, il est désormais inévitable de préparer, en toute raison, une transition pacifique au travers d'un réel dialogue inclusif et d'un plan de sauvetage national. Il est donc indispensable que les Nations unies œuvrent réellement dans l'intérêt collectif du peuple haïtien, qu'elles contribuent effectivement au rétablissement et au maintien de la sécurité, au fonctionnement des institutions dans le respect des normes », ont-ils fait savoir.