Le Nouvelliste
Support financier : le Premier ministre Jouthe s’emballe, le FMI attend que « les conditions le permettent…»
March 10, 2020, midnight
Le Premier ministre Joseph Jouthe a confié au Nouvelliste, vendredi dernier, que le Fonds monétaire international (FMI ) accueille « positivement la mise en place du gouvernement ». Le chef du gouvernement s’est montré optimiste quant à la reprise de financements arrêtés depuis quasiment un an, après la démission du gouvernement de Jean Henry Céant et l’absence d’un budget régulièrement voté par le Parlement. « Le FMI avait demandé un gouvernement. Le FMI accueille positivement la mise en place du gouvernement. Les autres bailleurs de fonds attendent que le FMI ouvre les vannes pour lâcher le cordon de leurs bourses », a-t-il indiqué, soulignant que le Fonds encourage fortement l’exécutif à « faire passer un budget par décret ». Le FMI encourage également à élaborer des décrets avec « les autres projets de loi à caractère économique qui sont restés bloqués au Parlement depuis les deux dernières législatures dont le projet de loi sur le cadastre entre autres ». « Environ 11 projets de loi qui sont restés bloqués au Parlement, notamment à la Chambre des députés », a indiqué le Premier ministre Joseph Jouthe. « Le FMI veut aussi qu’il y ait des élections cette année », a-t-il fait savoir. Support financier une fois que les « conditions le permettent…» Si le Premier ministre Jouthe Joseph s’emballe, le FMI attend que « les conditions le permettent » pour fournir un support financier. « Le FMI est prêt à s’engager avec le nouveau gouvernement en Haïti sur un support financier potentiel une fois que les conditions le permettent », a confié au journal via email la responsable de la mission Haïti au FMI, Nicole Laframboise: « Nous n’avons pas d’opinion sur les nominations récentes. Vu l'évolution de la situation depuis le début 2019, ce qui est important est que nous puissions établir que le gouvernement en place a la volonté et la capacité de mettre en œuvre des politiques qui pourront restaurer la stabilité économique et placer l’économie sur une trajectoire de croissance, réduction de la pauvreté, et de soutenabilité », a-t-elle poursuivi. « Les discussions avec les autorités haïtiennes sont toujours en cours, y compris depuis que le conseil d’administration du FMI a conclu la revue de la consultation de l’article IV, le 24 janvier. Nous sommes en train de discuter avec les autorités différentes mesures qui pourraient renforcer notre confiance dans la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des politiques – de manière à intensifier notre engagement », a souligné Nicole Laframbroise. « Si nous sommes confiant que le nouveau gouvernement est capable de mettre en œuvre des politiques qui peuvent orienter l’économie vers une trajectoire de stabilité et de soutenabilité tout en adressant les faiblesses en matière de gouvernance, nous serons prêts à commencer des discussions sur un financement potentiel du FMI dans un court délai », a fait savoir Nicole Laframbroise. « Nous continuons à dispenser l’assistance technique pour renforcer les capacités, même si le rythme s’est ralenti durant ces dernières années du fait de la situation sécuritaire », a-t-elle indiqué. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les autres partenaires au développement sur une base régulière. Comme noté auparavant, quand les conditions permettront un support financier du FMI, nous intensifierons notre collaboration de manière à ce que, ensemble, nous puissions aider les autorités à atteindre leurs objectifs de développement économique », a indiqué Nicole Laframbroise. L’UE conditionne… L’Union européenne ne peut pas débourser une enveloppe d’environ 30 millions de dollars cette année, sur un total de 120, si le pays est politiquement instable, si l’économie est en crise avec une mauvaise gestion des finances publiques et si sa lutte contre la corruption ne progresse pas. Les fonds déboursés dans de telles circonstances ne produiraient pas l'effet souhaité de croissance économique et de développement structurel, avait confi au journal l’ambassadrice et cheffe de la délégation de l'Union européenne en Haïti Sylvie Tabesse. « Avec les autres partenaires donateurs, une attention particulière sera accordée cette année à la volonté et à la capacité du gouvernement à relever efficacement les défis fondamentaux tant du côté des recettes que de celui des dépenses du budget », a-t-elle ajouté. Par ailleurs, la patronne de l’UE en Haïti a indiqué que l’appui budgétaire absorbe à l’heure actuelle la plus grande part du 11e Fonds européen de développement de l’Union européenne en Haïti. Les conditions préalables ne sont pas réunies pour les déboursements aujourd’hui. Les fonds sont décaissés dès que les réformes spécifiques préalablement convenues avec le gouvernement sont à l’œuvre. « L'objectif principal de notre instrument d'appui budgétaire est de renforcer la capacité de l'État à administrer correctement le pays, afin de promouvoir une croissance économique durable. Nous n’avons pas encore discuté avec le nouveau gouvernement, nous attendons ce qui va se passer prochainement pour voir si les conditions seront réunies en vue de pouvoir continuer dans ce cadre », a expliqué l’ambassadrice Sylvie Tabesse. « Nous essayons toujours de trouver les secteurs prioritaires dans lesquels nous pouvons apporter une valeur ajoutée pour appuyer le pays dans ses programmes. Cela permettra de renforcer les aspects institutionnels et la société civile ainsi que de répondre à des besoins immédiats de la population », a également expliqué Sylvie Tabesse.