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Le Nouvelliste

Des morts, des blessés et des violations massives de droits humains : la FJKL juge l’implication du pouvoir en place

Nov. 9, 2019, midnight

Depuis septembre 2019 le pays est paralysé. Tout est à l’arrêt, principalement les activités économiques et les écoles en raison de la multiplication des manifestations pour réclamer la démission du chef de l’État. À côté de tout cela, des atrocités ont été commises pendant cette période à Savien, à Martissant, à Village-de-Dieu, à De Mapou (aux Cayes), à Canaan 70 dans la commune de Cabaret (viols collectifs sur des passants, hommes et femmes) dans l’impunité la plus totale. Dans ce rapport qui détaille les circonstances de certaines fusillades et assassinats, la FJKL avance " la thèse que ces crimes sont perpétrés avec l’accord, au moins tacite, du gouvernement".  S’il est donc difficile de préciser avec exactitude le nombre de morts et de blessés qu’il y a eu, la Fondasyon Je Klere (FJKL) croit que la responsabilité est partagée entre les responsables étatiques, des proches du pouvoir, des membres de l’opposition et des agents de police. "Depuis juillet 2018, le pays est bloqué (locked) de manière récurrente avec son cortège de violations des droits humains par la multiplication sans limites d’actes de criminalité par des groupes armés pro-gouvernementaux avec le support d’officiels de l’État ou par des groupes armés tolérés par le pouvoir politique en place", peut-on lire dans ce rapport qui dénonce une tendance à l’apologie de la violence de la part de groupes pro ou anti-gouvernementaux. La réponse du président Moïse aux revendications populaires durant la crise est « marquée par l’indifférence ou la désinvolture », juge la FJKL. Elle s’accompagne aussi de la « répression politique pour mater la contestation populaire. « Le bilan est lourd : des dizaines de morts, des centaines de blessés, de nombreux cas d’arrestations illégales, de coups et blessures », note l’organisme de défense de droits humains qui fait mention des cas de « véhicules sans plaque d’immatriculation tirent sur des manifestants ou des groupes de personnes réputées opposées au pouvoir en place. » L’organisme de défense de droits humains affirme que le pouvoir en place a un double discours : l’un officiel prônant la justice, la lutte contre la corruption et d’autres valeurs positives et l’autre souterrain qui mobilise les forces obscures pour la répression politique, et qui favorise l’accord tacite avec les gangs armés, les escadrons de la mort pour semer le deuil et le désarroi dans la famille haïtienne. « Refuser d’identifier, de rechercher et de juger les auteurs de graves violations des droits humains en période de troubles politiques ne peut que perpétuer le cycle de la violence et de l’impunité », soutient l'organisme de défense des droits humains. La Fondasyon Je Klere a aussi pointé du doigt certains comportements des agents de la PNH cagoulés dans les opérations de maintien d’ordre ou même l’inaction du haut état-major quand il fallait sévir contre des cas de dérives dénoncées. Aussi « l’usage de la force par les agents chargés de l’application de la loi a donné lieu, dans beaucoup de cas, à des violations des droits humains qu’on peut qualifier de systématiques et massives ». La FJKL demande par conséquent à l’Inspection générale de la Police de transférer à la justice répressive tous les responsables de police coupables de violations des droits humains. La Fondasyon Je Klere enjoint par ailleurs le président Jovenel Moïse à écouter la voix du peuple et épargner au pays un bain de sang ou l’affront d’une nouvelle occupation étrangère. Elle recommande aussi à la justice de faire preuve d’indépendance pour sévir avec la dernière rigueur contre les auteurs des graves violations des droits humains constatées.