Le Nouvelliste
Covid-19: «Ce gouvernement de petits copains peut conduire à une hécatombe», selon Fritz A. Jean
April 17, 2020, midnight
L’ex-gouverneur de la Banque de la République d'Haïti (BRH) et ancien candidat au poste de Premier ministre Fritz A. Jean estime que la gestion jusqu'ici du Covid-19 par le «gouvernement de petits copains» dirigé par le Premier ministre Joseph Jouthe peut «conduire à une hécatombe», lors d'une interview à la matinale, Panel Magik, de radio Magik 9 (100.9 fm), vendredi 17 avril 2020. L’économiste a évoqué la distribution de cartes d’identification par l’Office national d’identification (ONI) attira des centaines de personnes dans une promiscuité dangereuse, la réouverture des usines de la sous-traitance textile la semaine prochaine et l’absence de crédibilité du gouvernement aux yeux de la population qui refuse de croire aux messages de sensibilisation aux mesures d’hygiène et les gestes barrières à adopter, a détaillé Fritz A. Jean . «Personne ne croit à la parole des autorités (…) Le gouvernement n’est pas crédible», a indiqué Fritz Jean, qui n’a pas fait l’économie d’un rappel du déficit de crédibilité du président Moïse. «Nous avons insisté sur le problème de crébilité de la personne qui nous dirige. C’est au cours de cette crise que tout le monde réalise ce que cela veut dire. Le messager est aussi important que le message», a-t-il poursuivi, soulignant que la mise en place du gouvernement Jouthe, un «gouvernement de petits copains», « rend le président encore moins crédible.» «La défaite de ce gouvernement est qu’il a perdu le monopole de l’engagement collectif», a soutenu Fritz A. Jean, appelant à regarder en face le problème de crédilité et le déficit de confiance de la population en ce gouvernement. Pour lui, c’est avec une société civile forte, active, que l’on peut apporter les transformations nécessaires. «Le "que faire" passe par une société civile forte. Il faut attaquer le problème de la relation incestieuse entre l’État et le reste de la société», a-t-il dit. Il faut casser le régime des privillèges, encourager la majorité saine de l’élite économique à sortir de la torpeur, de ses peurs de représailles et libérer l’État, mis en captivité par des éléments des élites économiques et certains politiques. Fritz Jean estime qu’il faut agir vite et bien et éviter les chambardements qui détruisent les accumulations. Il n’est pas emballé à l’idée d’avoir les élections pour reproduire le même scénario. «Nous ne pourrons pas changer les choses si nous allons vers des élections pour avoir le type de Parlement que nous avons eu qui a totalement déstabilisé le pays», a-t-il soutenu, dénonçant le chantage systématique de parlementaires sur les membres de l’exécuif.