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Le Nouvelliste

Covid-19 : les moyens de paiement électronique ont le vent en poupe en Haïti

May 13, 2020, midnight

À l’origine d’une crise sanitaire sans précédent ayant mis à genoux notamment le système économique et financier mondial, le nouveau coronavirus n’aurait pas que des impacts négatifs en Haïti où il a déjà emporté dans son sillage une dizaine de morts. C’est ce que signale Maarten Boute, PDG de la Digicel, la plus grande compagnie de télécommunication du pays, signalant que la pandémie est en train d’accélérer l’inclusion financière en ce qui a trait aux méthodes de paiement électronique. « On remarque une augmentation des transactions. Les gens se rendent compte qu’utiliser un moyen électronique de paiement permet non seulement de garder la mesure de distanciation sociale, mais aussi de ne pas manier forcément de l’argent liquide qui peut être un vecteur de contagion », a indiqué Maarten Boute, confirmant que les moyens électroniques de paiement ont le vent en poupe en cette période de Covid-19 parce qu’ils offrent le double avantage de respecter la distanciation sociale ainsi que les consignes d’hygiène.  En tant que moyen électronique de paiement, le service MonCash, une division de la Digicel, à en croire Maarten Boute, est un outil du quotidien des Haïtiens qui participe pleinement à la stratégie d’inclusion financière définie par la banque centrale depuis 2014. Intervenant au panel « Diaspora, inclusion financière et développement » lors de la 5e édition du sommet de la FinTech le 30 avril dernier, Maarten Boute a dénombré un total de 3 millions d’abonnés au service MonCash – un chiffre en augmentation permanente, dit-il, dont 1,6 million d’utilisateurs actifs qui effectuent au moins une transaction par mois.  Converties en nombre, a détaillé M. Boute, les utilisations du service peuvent atteindre plus de 10 millions de transactions mensuelles en moyenne pour une valeur totale de 72 millions de dollars américains, soit plus de 7 milliards de gourdes (suivant les chiffres du mois de mars) qui représentent – dans son volume de transaction – 11% du PIB d’Haïti sur une année si on multiplie cette somme par 12. « Ce ne sont pas des profits mais simplement des transactions à travers notre plateforme », a précisé le P.D.G. de la Digicel, rappelant qu’au départ ce service, lancé en 2010 après le séisme sous le nom de Tchotcho mobile pour devenir MonCash à partir de 2015, fonctionnait principalement comme un outil de transfert de fonds. « Le consommateur allait chez un agent pour déposer de l’argent directement sur le compte de la personne qui allait recevoir ce fonds », a poursuivi M. Boute, confiant que l’utilisation de ce service s’apparente  de plus en plus à celle d’un compte bancaire. Plus besoin de se rendre chez un agent physique, ce qui supprime les coûts de déplacement pour les utilisateurs.  « Les gens font un dépôt sur leur propre compte ensuite, selon leurs besoins économiques, ils effectuent des dépenses à travers leur portefeuille électronique […] S’il s’agit de transactions de compte à compte, c’est entièrement gratuit », a expliqué Maarten Boute, soulignant que MonCash est présent sur tout le territoire national, partout où le signal Digicel émet, avec plus de 3500 agents certifiés. Dans un pays comme Haïti où le nombre de cartes de crédit en circulation est limité, le réseau MonCash, avec ses 1,6 million de personnes qui effectuent des transactions électroniques sur le système, représente un potentiel considérable pour les développeurs de plateforme d’achat en ligne. Aussi Maarten Boute a-t-il promis de venir en aide aux développeurs travaillant au lancement des commerces en ligne en leur donnant accès à la plateforme MonCash. Toujours dans un souci d’étendre davantage l’utilisation des moyens de paiement électroniques aux dépens de l’argent cash, le PDG de la Digicel a annoncé le lancement imminent d’une fonctionnalité permettant à un client d’opérer des transferts d’argent directement de son compte Sogebank via Sogebanking online sur son compte MonCash.  Il a ensuite annoncé l’adhésion future des autres banques commerciales de la place à cette nouvelle fonctionnalité.  À la question quand la diaspora pourra enfin utiliser le service MonCash pour transférer des fonds à leurs proches, Maarten Boute a déploré le fait qu’il n’existe pour le moment que les méthodes traditionnelles pour transférer de l’argent de l’étranger vers Haïti. « Les licences de transfert qui existent actuellement sont des licences de transfert classiques. La BRH a été très claire avec nous.  La législation pour faire des transferts électroniques de l’étranger vers Haïti n’existe pas. On essaie d’insister pour savoir quand cette législation sera disponible […] Nous espérons trouver une solution. Aujourd’hui ce n’est ni techniquement ni légalement possible. On poursuit les discussions avec la Sogebank et la BRH », a répondu Boute tout en ne cachant pas sa peur de voir Haïti rater le train de la révolution digitale propulsée par la Covid-19 au niveau mondial.