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Le Nouvelliste

"Les communautés font la différence", Haïti commémore la Journée mondiale du SIDA

Dec. 2, 2019, midnight

En présence des différents acteurs de la lutte contre le Sida en Haïti, le ministère de la Santé publique et de la Population a organisé un ensemble d'activités en vue de marquer la Journée mondiale de lutte contre le Sida.  "La première décennie faisant suite à l'apparition de l'épidémie du Sida, les scientifiques avaient déjà identifié certaines communautés clés. Ceci a eu son lot de peines puisqu'après les homosexuels, les hémophiles et les héroïnomanes, les Haïtiens ont été pointés du doigt comme l'épicentre du virus, toujours à la faveur des velléités des scientifiques à identifier les communautés. Heureusement, dans les années 90, les scientifiques ont commencé à mettre les gens sur traitement : la monothérapie. Dans les années 2000, il y a eu une solidarité mondiale actée, notamment par les "fonds PEPFAR" et  "fonds mondial". Dans la décennie 2010, il y a eu beaucoup d'espoir et les programmes tant nationaux qu'internationaux prévoyaient la fin de l'épidémie. Si dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il était question de contrôle de l'épidémie à l'horizon, pour la prochaine décennie, à travers les objectifs de développement durable ODD, la promesse est d'arriver à l'élimination du VIH", relate le Dr Pavel Desrosiers, directeur du Plan national de lutte contre le Sida, en guise de mise en contexte. Entre deux interventions des cadres du MSPP, deux personnes vivant avec le VIH-SIDA ont témoigné sur les difficultés des combats qu'elles mènent au jour le jour pour rester en bonne santé. Elles ont profité pour dégager leur frustration par rapport à certains manquements du côté des responsables. Pour sa part, le directeur général du MSPP, Dr Lauré Adrien, a fait une présentation autour du thème choisi, "Les communautés font la différence". Dans son intervention, il a tenu à montrer que "la lutte contre le VIH-SIDA et la prise en charge des PV-VIH sont assurées par un total de 171 institutions réparties sur tout le territoire national." "Les communautés dont on parle dans le thème ne se limitent pas à un espace géographique. Cette communauté est l'ensemble des personnes qui ont des caractéristiques, des modes de vie et des intérêts communs". A ce titre, le Dr Lauré Adrien a mis l'emphase sur les travaux de terrain réalisés par le MSPP en vue d'aller vers ces communautés pour les pousser à faire la différence.  "Magnifier nos victoires, célébrer nos succès et faire notre introspection et renouveler nos engagements", tels sont les messages que  Mame Aya Faye souhaite envoyer à travers sa participation à la commémoration de la Journée mondiale de lutte contre le Sida.  En lieu et place d'un discours personnel, elle a fait sien le message de la directrice exécutive de l'ONU-SIDA, Winnie Byanyima. "Nous savons que les organisations communautaires ont prouvé leur importance. Cela est incontestable. Sans elles, 24 millions de personnes n’auraient pas accès à un traitement aujourd’hui. Sans les organisations communautaires dirigées par des femmes vivant avec le VIH et affectées par le virus, nous ne serions jamais aussi près de mettre un terme aux nouvelles infections chez les enfants, d’élever les orphelins et de prendre soin des malades. Mais les contributions innombrables des femmes et de beaucoup d’autres personnes ne pourront jamais remplacer la responsabilité des gouvernements. Laissez-moi vous rappeler ici que les pays se sont engagés à ce que 30 % minimum des services liés au VIH soient fournis par les organisations communautaires. Ils ont également convenu d'allouer 6 % de tous les financements dédiés au VIH à la mobilisation des communautés afin de promouvoir les droits humains et de modifier les lois entravant l’élimination du sida", lit-on dans la déclaration de Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONU/SIDA. Le directeur exécutif adjoint du Fonds mondial, le Dr Yves Gérard Pierre-Louis, s'enorgueillit, lui aussi, des progrès accomplis tant en Haïti qu'à l'étranger. Toutefois, Dr Pierre-Louis  pense qu'il y a aussi des défis très importants à relever. Énumérant les groupes les plus à risque sur lesquels il se pencher  tels que les homosexuels et les travailleuses de sexe, le Dr Pierre-Louis pense que ces groupes ne sont pas considérés comme les plus à risque uniquement parce qu'ils adoptent les comportements les plus à risque, mais aussi parce qu'ils sont les plus pauvres, les plus faibles, les plus vulnérables physiologiquement et socioéconomiquement. Toujours selon le Dr Yves Gérard Pierre-Louis "les causes majeurs des défis, notamment la faible rétention des patients, sont liées à la stigmatisation, la discrimination et la qualité des services au niveau des institutions de santé. Intervenant au nom du gouvernement des États-Unis, l'ambassadrice Michèle Sison a énuméré les différentes agences qui interviennent dans la lutte contre le Sida et les résultats positifs qui ont été obtenus en Haïti depuis leurs interventions sur le terrain. "Le thème de cette année est en parfaite harmonie avec les objectifs fixés par le plan présidentiel d'urgence pour la lutte contre le Sida (PEPFAR)", reconnaî-elle en guise de félicitations au ministère de la Santé publique et de la Population pour avoir saisi l'ampleur du problème.  Entre-temps, Michèle Sison avoue que du côté de la stigmatisation et la discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH-SIDA, beaucoup d'efforts restent à faire et que les États-Unis vont augmenter le financement des activités communautaires pouvant aider à améliorer la situation.  Clôturant la cérémonie de commémoration, la ministre de la Santé publique et de la Population, Dr Marie Gréta Roy Clément, explique que "de nos jours, la réponse au Sida prend des formes différentes d'une communauté à l'autre. De par leur action, leur leadership et leur engagement, les communautés sont amenées à garantir la continuité et l'adéquation de la prise en charge en maintenant l'accent sur les individus et en s'assurant de n'oublier personne."