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Le Nouvelliste

La justice a beaucoup souffert des troubles politiques

Dec. 17, 2019, midnight

Il a fallu attendre le 13 décembre pour une reprise des activités judiciaires au tribunal de première instance de Port-au-Prince situé au boulevard Harry S. Truman. Entre la cérémonie d’ouverture de l’année judicaire manquée en raison des troubles sociopolitiques qui ont forcé les juges et le personnel judiciaires à rester chez eux et l’attaque contre certains tribunaux, la justice a livré, au premier trimestre de l’année judiciaire, une pâle copie de ce que la société attend d’elle. « Les turbulences politiques qu’a connues le pays durant ces trois derniers mois ont eu de graves incidences sur le fonctionnement de la Cour de cassation. La zone du Champ de Mars, où elle est logée, a été la scène de beaucoup d’actes de violence.  Malgré tous les efforts consentis pour rendre la Cour pleinement fonctionnelle, on n’arrivait pas à trouver la formule qui nous permettait de trouver la sérénité nécessaire pour travailler. À plusieurs reprises, on a dû rebrousser chemin face au désordre qui régnait dans la zone », raconte Me René Sylvestre. Dans son allocution, le président de la Cour de cassation a fait savoir que les autres cours et tribunaux de la République ont aussi fait face à la même réalité. « Le personnel judiciaire ne pouvait pas se rendre au travail dans certains endroits. Certains tribunaux ont été la cible de certains protestataires qui sont allés jusqu’à tenter de les incendier », a-t-il indiqué, soulignant au passage que les magistrats ont fait de leur mieux pour permettre à la justice de continuer à servir la population, même en période de grands troubles. Me René Sylvestre a plus loin insisté sur le fait que « la justice, garante des libertés individuelles, ne peut et ne doit jamais fermer ses portes, surtout en période de graves commotions sociopolitiques. » La justice exempte de la politique Le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), organe d’administration de ce pouvoir, a dénoncé le fait que son nom est associé au processus de remplacement du président de la République comme un comportement qui tend à affaiblir la justice. Me René Sylvestre rappelle qu’il est un magistrat de carrière depuis 25 ans et qu'il entend honorer sa fonction. « Je ne nourris aucune ambition politique. Je dis souvent que la justice doit se démarquer de la politique », a-t-il martelé. S’adressant à ses pairs, le premier des juges a lancé une mise en garde : « Vous êtes juges à la plus haute instance judiciaire du pays. Pour bien vous acquitter de [votre] haute mission, vous devez rester loin de l’arène politique et de la partisannerie. »