Le Nouvelliste
Le sénateur Jean Renel Sénatus dénonce les accointances entre bandits, policiers et élus
Nov. 14, 2019, midnight
Le sénateur de l’Ouest, Jean Renel Sénatus, président de la commission Justice et Sécurité, s'est prononcé jeudi matin sur le phénomène de l’insécurité alors que le pays est englué dans une crise depuis plusieurs mois. Le parlementaire a dénoncé l’utilisation par l’exécutif et l’opposition des services de bandits armés à des fins politiques. Alors que les communes de Croix-des-Bouquets et de Ganthier semblent particulièrement échapper au contrôle des autorités, le parlementaire dénonce une complicité entre des policiers de la zone, des élus et le chef de gang dénommé « Lanmò san jou ». « Il faut une vaste opération dans cette zone pour rétablir la paix. La police doit mener une enquête sur des policiers cantonnés à Gantier. Certains reçoivent 25 000 gourdes de pot-de-vin tous les week-ends de la part de « Lanmò san jou ». Des motocyclistes aussi sont payés par ce chef de gang comme informateurs. Il y a des élus dans l’aire métropolitaine, de Croix-des-Bouquets et de Ganthier, qui alimentent ce chef de gang en armes, munitions, argent et nourriture. La DCPJ dispose de ces informations », a-t-il dénoncé. Jean Renel Sénatus a poursuivi en critiquant ces élus qui font passer « Lanmò san jou » et d’autres chef de gang pour militants politiques. « Ils savent très bien qu’ils ont affaire avec des chefs de gangs. Nous vivons une situation extrêmement difficile. Je comprends aussi les velléités des uns et des autres pour radicaliser et transformer leur mouvement en lutte armée pour atteindre leur objectif le plus rapidement possible. Cependant, qu’il s’agisse de l’opposition ou du pouvoir, on a une Haïti en commun. Il faut protéger les élèves, les universitaires, les cultivateurs, etc. Il faut protéger les vies et les biens », a-t-il fait savoir. Le sénateur révèle avoir été menacé par le chef de gang dénommé « Lanmò san jou ». « Il m’a laissé une lettre à côté du cadavre d’un policier qu’il a assassiné puis calciné. Des membres de ma famille sont obligés de vivre dans le maquis à Ganthier», a-t-il raconté. Par ailleurs, Jean-Renel Sénatus a salué le travail initié par la PNH dans la zone et invité l’institution policière à continuer à assumer ses responsabilités, ce afin de permettre aux usagers d’emprunter la route de Malpasse. « Des chefs de gangs sont arrêtés. Des informateurs de gangs sont aussi tombés sous les balles de la police », a -t-il expliqué. Le parlementaire invite le pouvoir et l’opposition à se démarquer des individus armés. M. Sénatus appelle à la fin de l’instrumentalisation de ces bandits à des objectifs politiques. « On dit que Jimmy Chérisier, alias Barbecue, travaille pour le pouvoir. L’exécutif doit apporter un démenti à ces allégations », croit-il. Par ailleurs, Sénatus plaide pour une cohabitation entre Jovenel Moïse et les membres de l’opposition. « Après des mois, l’opposition n’arrive pas à forcer Jovenel Moïse à démissionner. Nous constatons aussi l’incapacité du président à diriger. Par conséquent, les deux parties doivent dialoguer afin de former un gouvernement. Car Haïti est le bien commun entre Jovenel Moïse et l’opposition », a-t-il appelé.