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Le Nouvelliste

Des bandits veulent changer de métier et attendent un geste de l'État

Dec. 20, 2019, midnight

Vu les récents évènements, la pauvreté et la prolifération des gangs armés forment un binôme presque parfait. La police pourra multiplier les interventions, mais si les réels problèmes de misère, d’absence de services de base ne sont pas abordés par des politiques publiques efficaces, la solution peut rester à mille lieues d'autres lieux.  D’ailleurs, les décennies d’échecs de la prise en charge de l’État haïtien de ces quartiers précaires ont considérablement renforcé l’emprise des bandits.   Le sénateur Jean Renel Sénatus, intervenant à la Radio Magik9, revient sur ses rencontres de travail avec la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR) pour recueillir par téléphone les doléances des chefs de gangs reconnus de la capitale. Lors d’une réunion, il a été demandé aux chefs de Tibwa et Grand-Ravine ce que l’État peut faire pour qu’ils puissent enfin déposer les armes et mettre fin à leurs activités de banditisme. Leurs réponses ont été autant surprenantes que décisives pour une nouvelle compréhension de la réalité des gangs dans le pays.   « J’ai rencontré en compagnie des membres de la CNDDR, le 19 décembre, leurs représentants pour aborder les problèmes qu’ils ont soulevés afin de négocier le désarmement de ces jeunes qui font partie de gangs. Je vais entamer des démarches auprès d’autres institutions étatiques, notamment le ministère de l’Éducation nationale, afin qu’on puisse passer de la parole aux actes », a affirmé Jean Renel Sénatus, qui souligne que le ministre Cadet a aussi été présent à la rencontre. Ils ont produit, selon le sénateur Sénatus, des demandes qui démontrent combien l’État est absent en ce qui concerne ses politiques publiques tandis que les gens vivant dans ces communautés, notamment Tibwa, font face à un problème d’eau potable. Ils ont déjà dépensé environ 20 000 dollars américains pour alimenter la zone en eau potable. En vain. Ces derniers veulent aussi avoir un centre de formation professionnelle pour les jeunes. À Grand-Ravine, ils veulent aussi une école professionnelle et un centre de santé Après ces discussions avec les présumés bandits, le sénateur Sénatus est prêt à réviser son approche qui s'appuyait sur l’emprisonnement ou l’utilisation de la force mortelle contre ceux qui détiennent illégalement des armes à feu. « Ces jeunes hommes et femmes sont en quête de vie meilleure. Ils sont confrontés à toutes sortes de privations. L’État a échoué dans sa prise en charge de ces jeunes. Nous devons aborder la question d’une autre façon », prêche-t-il tout en insistant sur le nécessité de prioriser la stratégie de la prévention et la réinsertion. De l’avis de ce membre du Parlement qui doit exercer un pouvoir de contrôle sur le gouvernement, l’inefficience de l’utilisation des maigres ressources de l’État, la corruption et le gaspillage des fonds publics empêchent les résidents de ces quartiers défavorisés d’accéder à de meilleures conditions de vie. Beaucoup d’argent consacré au train de vie luxueux de l’État pourrait être mieux dépensé. Par ailleurs, Jean Renel Sénatus a fait savoir qu’en raison de la fermeture du Parlement, la commission Justice et Sécurité qu’il dirige ne peut plus fonctionner. Toutefois, en tant que président de ladite commission, le parlementaire affirme que Monsieur Normil Rameau, le directeur général de la PNH, travaille afin de freiner la prolifération des gangs dans le pays. Les résultats se font déjà sentir, selon lui, si l'on prend en compte les nombreuses opérations et arrestations à la solde des forces de l’ordre ces derniers jours.