Le Nouvelliste
Enlèvements : « La PNH ne communique pas les chiffres », dénoncent des organisations de défense des droits humains
Feb. 5, 2020, midnight
Des organisations de défense des droits humains sont sans appel. Il y a une forte augmentation des cas d’enlèvement contre rançon depuis le début de l’année. Contactés par le journal, ces organismes de défense des droits humains déplorent le fait que l’institution policière ne communique pas le nombre de cas répertoriés depuis le début de l’année. « La police ne peut pas communiquer des chiffres en s'appuyant sur les cas rapportés. De plus, elle ne peut pas communiquer un bilan réel pour ne pas alarmer la population. Si elle doit donner un bilan, celui-ci sera revu à la baisse », croit savoir Pierre Espérance, directeur exécutif du RNDDH. Jocelyne Colas de C-Jilap fait le même constat en ce qui concerne la non-disponibilité des informations officielles sur le nombre de cas enregistrés à Port-au-Prince et dans d’autres régions du pays. Cependant, les deux responsables d’organisations affirment, sur la base de témoignages de proches de victimes, que les cas d’enlèvement ont fait un bon spectaculaire depuis le début de l’année. Une recrudescence qui, selon Colas et Espérance, fait penser à l'année 2005 où des centaines de cas ont été répertoriés. « La dernière fois que nous avons vécu cette situation remonte à 2005-2006. Le nombre de cas n’est pas comparable mais il n’y en a jamais eu autant. C’est quand même très inquiétant. Aucun quartier n’est épargné », estime Pierre Espérance. Selon le directeur de RNDDH, les rançons exigées par les ravisseurs varient selon la force de frappe du gang. « Certains exigent des sommes faramineuses pour libérer les otages, d’autres acceptent des sommes dérisoires. Cette dernière méthode est plus dangereuse car les gangs qui l’organisent n’ont pas assez de moyens logistiques pour garder les otages », fait-il remarquer. Les défenseurs des droits humains déplorent le laxisme des autorités vis-à-vis de l’insécurité en général et du phénomène de l’enlèvement en particulier. « Les autorités doivent fournir des moyens à la police et renforcer la chaîne pénale. De plus la police nationale doit également sévir pour empêcher la circulation des voitures sans plaque et celles qui utilisent les sirènes sans aucune autorisation », a-t-il fait savoir. Pour sa part, Jocelyne Colas estime que les autorités doivent rassurer la population. « Il faut que les responsables tiennent compte de l’aspect psychologique de l’insécurité. Si rien n’est fait pour pallier cette situation, cela voudrait dire que le pays est livré à lui-même », souligne-t-elle. Le journal a tenté vainement d’obtenir une réaction de la PNH. Le 22 janvier dernier, le porte-parole de la police Michel-Ange Louis Jeune, avait fait état de 15 cas répertoriés dans la région métropolitaine.