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Le Nouvelliste

Marie Agnès Andréa Alexis rejoint les centenaires

Dec. 10, 2019, midnight

« Je rends grâce à Dieu qui a voulu me conserver jusqu’à présent », s’est réjouie la centenaire Marie Agnès Andréa Alexis à la veille de son anniversaire. Ayant vu le jour le 30 novembre 1919, Mandréa, comme on aime l’appeler, est la doyenne de la famille Alexis et l’aînée de ses cinq sœurs. Elle n’a jamais enfanté ni de fils, ni de fille. Cependant personne n’oserait le dire, car la convivialité qui règne entre elle et ses neveux et nièces les lie comme les doigts d'une main. C’est ce qui lui vaut le sobriquet Mandréa, pour ne pas dire Man-Andréa en créole. Portant une robe en dentelle bleue, elle était assise sur une galerie, avec plusieurs numéros du quotidien Le Nouvelliste déposés sur son déambulateur. « J’aime prier Dieu et je lis beaucoup », a expliqué la centenaire francophile avec un accent impeccable. Elle a reconnu que sa mémoire lui joue parfois des tours. C’est pourquoi, a-t-elle souligné, je lis et relis toujours les articles. Les informations qu’elle juge pertinentes, elle les partage avec ses "enfants" lorsqu’ils rentrent chez eux le soir. C’est son père Benjamin Alexis qui l'a initiée à la lecture des journaux. Mandréa exprime encore beaucoup d’admiration pour ce feu compositeur et imprimeur… Hormis ces deux hobbies, Marie Agnès, fervente catholique, passe ses journées à enseigner le catéchisme à ses ''enfants''. La première génération qu’elle a vu grandir est constituée de 10 enfants. Ces derniers ont engendré au total 12 arrière-petits enfants. Et ceux-là ont à leur tour comblé la vieille de 18 arrière-petits enfants. Actuellement, la quatrième génération compte cinq enfants. « Oui, j’arriverai à les identifier tous », a confié Mandréa. Certains visages ne lui sont pourtant pas familiers puisque quelques-uns des enfants sont nés à l’étranger. « Je les aime tous. Je suis fière de ce qu’ils sont devenus, des fruits qu’ils produisent », s’est félicitée la centenaire qui a apporté sa pierre à l’édification des enfants de cette famille. Couturière et normalienne, Marie Agnès Andréa Alexis aime transmettre son savoir. Elle a passé près d'un quart de siècle dans l’enseignement. Avant d’abandonner cette carrière dans les années 80, elle enseignait la pédagogie et le catéchisme dans des institutions privées et publiques, dont la République du Chili et le lycée Alexandre Pétion. Diabétique, Mandréa souffre aussi de l’hypertension artérielle depuis environ vingt ans. « Je prends toujours mes médicaments », a-t-elle confié. Cependant, la dame espère pouvoir compter d’autres jours, si telle est la volonté de Dieu. Elle a encore de la vigueur et assez de lucidité pour marcher et vaquer à certaines occupations. Issue de la première génération, Marjorie David Jean Antoine, cinquantenaire, n’a pas tari d’éloges envers la centenaire. « C’est elle qui m’a appris à prier et à chanter. Elle est dotée d’une grande sagesse. Nous sommes heureux de l’avoir encore parmi nous », a-t-elle exulté. Marjorie n’arrive pas à se souvenir de la dernière fois que sa tente s’est énervée. Visiblement, la famille déborde de joie de l’avoir à leurs côtés. « On recourt à notre grand-tante quand on a besoin d’aide de prière », a témoigné l’infirmière qui dit souhaiter qu’elle compte de nouveaux jours.       Pour marquer cette occasion solennelle, des enfants ont fait le déplacement pour prendre part à une panoplie d’activités organisées en la circonstance. Un Te Deum a été célébré le jour-J afin de rendre grâce à Dieu. Dans une ambiance de convivialité, une cérémonie festive a eu lieu dans la soirée du samedi 30 novembre qui a marqué l’entrée de Mandréa dans la galerie des centenaires haïtiens.