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Le Nouvelliste

Le gouverneur Jean-Baden Dubois plaide pour un marché des changes réglementé

Dec. 17, 2020, midnight

 « La banque centrale n’est en faveur ni d’un taux haut ni d’un taux bas […] La banque centrale est pour la stabilité du taux de change », a d’entrée de jeu déclaré le gouverneur de la banque centrale, déplorant le fait qu’à chaque fluctuation du taux de change, tous les regards se tournent vers la BRH. Pour le gouverneur Dubois, la discipline de marché et surtout la production nationale sont nécessaires pour jeter les bases de la stabilité de la monnaie nationale. En attendant, a-t-il annoncé, la banque centrale va continuer à intervenir dans les prochains mois jusqu’à concurrence de 150 millions de dollars, et ces interventions vont cibler principalement les produits de première nécessité, les matériaux de construction, les médicaments et les produits pétroliers. « Ce n’est pas de l’argent destiné à thésaurisation », a toutefois mis en garde Jean-Baden Dubois, indiquant en guise de justification aux interventions futures de la banque des banques une diminution actuelle de l’offre de dollars sur le marché par rapport à la demande. Cette rareté de dollars évoquée par le gouverneur est due, selon lui, à la forte baisse du taux de change – passant de 120 à 60 gourdes – qui a doublé la demande du dollar et aussi la hausse des importations au mois d’octobre, le mois des commandes par excellence. Si le gouverneur a dit ne pas disposer encore des chiffres de la douane, il a avancé néanmoins que les importations ont augmenté de 40% environ durant la période en se basant sur les chiffres des exportations américaines vers Haïti qui représentent actuellement un tiers environ du total des importations du pays. « Cette hausse de la demande de dollars est peut-être un signe de reprise économique », a estimé Jean-Baden Dubois, dénonçant le rôle que joue l’informel dans la spéculation du dollar. « Il est plus facile de trouver le dollar dans l’informel que dans le formel […] Chaque commerçant a un taux. On ne saurait accepter un tel marché », a regretté le gouverneur avant d’annoncer une période de transformation qui, selon lui, devra permettre à la gourde de reprendre sa valeur. Pour y parvenir, il faudra, selon ses dires, augmenter et renforcer les infrastructures de production, améliorer les facteurs de productivité de manière à enclencher la substitution à l’importation. « Nous ne pourrons stabiliser la gourde si nous n’augmentons pas les infrastructures de production et les facteurs de productivité », a fait savoir le gouverneur, précisant que la dépréciation de la monnaie est l’un des nombreux facteurs de compétitivité parallèlement à d’autres facteurs tout aussi importants comme la paix et la sécurité, la garantie des titres de propriété.. Par ailleurs, Jean-Baden Dubois a insisté sur les éléments influençant le taux de change. « Il est important de comprendre les facteurs qui influencent le taux de change avant de pointer du doigt la banque centrale », a poursuivi le gouverneur Dubois, indexant les facteurs sociopolitiques, les déficits jumeaux (déficit de la balance des paiements et déficit budgétaire), mais aussi le désordre ambiant à la fois dans le marché formel et informel. « Le taux de change est une résultante. Je ne cesserai jamais de le répéter à chacune de mes interventions. Une résultante des fondamentaux macroéconomiques, comme  la balance des paiements », a réitéré le gouverneur, soulignant qu’au 10 août 2020, le taux de change était de 123,39 gourdes pour un dollar américain. « Pour l’histoire et pour la vérité, une réponse conjointe de la banque centrale et du gouvernement à travers le MEF et le MCI a été donnée pour exiger l’affichage des prix en gourdes », a rappelé Jean-Baden Dubois, pour qui un des facteurs les plus déterminants dans la diminution du taux de change a été  la fermeture de l’année fiscale décrétée le 4 septembre 2020 par le gouvernement à travers le ministre des Finances.  Il y a eu plusieurs autres réponses, à savoir l’annonce de l’affichage des prix en gourdes, la réduction des dépenses du gouvernement, mais aussi la réduction de la spéculation via les circulaires 114 et 114-1.