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Le Nouvelliste

La guerre des produits pétroliers aura-t-elle lieu?

Sept. 8, 2020, midnight

La dégradation de la situation financière des compagnies pétrolières opérant en Haïti suite aux récents changements opérés dans la structure des prix a accentué les préoccupations quant à la pérennité de leurs opérations, a écrit l’Association des professionnels du pétrole dans une lettre au ministre de l’Economie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, en date du 2 septembre 2020. «Par lettre en date du 6 et du 22 juillet 2020, les compagnies pétrolières avaient pris la précaution de vous informer que, suite à la décision du gouvernement en date du 11 juin 2020 de modifier la structure des prix, elles vendaient à perte et ne pouvaient plus continuer à financer la subvention des prix à la pompe, selon le mécanisme « taxe à rembourser », lit-on dans cette lettre, soulignant que l’APPE  « avait également demandé, en vue de leur permettre de gérer au mieux leur trésorerie, de bien vouloir considérer l’une des deux options », à savoir autoriser la compensation entre les taxes à rembourser et les paiements des droits de douane, déduire les taxes à rembourser directement des factures à payer par les compagnies. « Vous avez opté pour l’application de la première option, comme clairement exprimé lors de la  réunion en visio-conférence, tenue le 14 août 2020. Nous attendons toutefois de recevoir officiellement la notification de cette décision par votre ministère à l’Administration générale des douanes », selon cette correspondance. « Cependant, les taxes à payer ne compensent que très partiellement les sommes à rembourser au titre de la subvention. Afin de continuer à travailler, les compagnies pétrolières auraient apprécié que vous leur communiquiez les nouvelles décisions adoptées par votre administration pour rembourser l’intégralité des taxes. Nous voulons également réitérer nos préoccupations quant à la pérennité de nos opérations vu que les pertes financières constatées depuis la mise en place des nouvelles structures des prix ne font qu’augmenter, et entament largement leurs fonds propres », a écrit l’APPE, qui a communiqué au ministre Boisvert un tableau présentant « la situation des marges commerciales après la prise en compte de la perte de change et des différents coûts liés aux opérations ». « Ce tableau démontre clairement que nos compagnies ne peuvent continuer à opérer dans de telles conditions. Aussi, nous vous saurions infiniment gré de nous informer des mesures qui seront adoptées par votre ministère, tant pour la prise en charge de la subvention des prix à la pompe, la révision des structures des prix rétablissant des marges acceptables pour la profession, que pour une méthode d’indexation éliminant tous les risques d’érosion des marges produits par la dévaluation de la monnaie locale », a écrit l’APPE. « Veuillez noter néanmoins que les chiffres indiqués dans le tableau N 2 ne tiennent pas compte du niveau de rentabilité nécessaire pour avoir un retour sur investissement acceptable. Il représente essentiellement le niveau de coût des opérations », a écrit le président de l’APPE, Randolph Rameau.  Si le président de l’APPE n’a pas encore retourné les appels du journal, une source bien informée au ministère de l'Economie et des Finances a confié au journal, mardi soir, qu’une rencontre est « prévue mercredi sur cette lettre avec les compagnies pétrolières ». « Si le montant à rembourser aux compagnies est d’environ 300 millions de gourdes, le MEF va vérifier s’il n’y a pas des bordereaux de douanes impayés. La différence sera versée aux compagnies pour qu’elles n’aient pas de problèmes », a indiqué cette source. « Je pense que c’est un problème qui se résoudra de lui-même si la tendance à la baisse du taux de change se maintient. L’Etat, même s’il ne rentre pas de taxes, peut se trouver dans une situation où il ne paie pas pour la subvention », a poursuivi cette source. Les compagnies revendiquent à cause de marges qu’elles jugent trop faibles. L’Etat, de manière unilatérale a décidé de fixer la marge à 20 gourdes contre 26 auparavant. Les compagnies ont accepté parce qu’elles faisaient des désordres. Mais 20 gourdes, ne leur permettent pas de sortir la tête de l’eau. C’est pour cela qu’elles demandent des négociations sur la structure des prix, a souligné cette source, estimant qu’avec l’appréciation de la gourde par rapport au dollar des données changent. 20 gourdes avec un taux change de 120 gourdes pour 1 dollar et 20 gourdes à 100 gourdes pour 1 dollar n’ont pas la même valeur. La situation s’autocorrige, a estimé cette source. Lors de précédentes prises de positions, l’APPE a toujours nié avoir, contrairement aux affirmations du gouvernement, engrangés des bénéfices indues. En milieu de soirée, mardi, l’APPE, a clarifié sa position et indiqué qu’elle prône le dialogue pour « résoudre la crise du pétrole ». « L’APPE et le ministère de l’Economie et des Finances sont engagés dans un processus de négociation depuis un certain temps et l’APPE invite les acteurs concernés par cette crise à la sérénité », selon ce communiqué. « L’APPE s’en tient à la position qu’elle a toujours préconisé depuis l’application des nouveaux tarifs en juin 2020, qui est celle du dialogue entre les acteurs du secteur pétrolier et l’ Etat Haïtien, unique voie selon elle pour résoudre la crise, sans qu’aucune partie ne soit lésée, et au bénéfice de la population Haïtienne », lit-on dans ce communiqué.