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Le Nouvelliste

Contre le corps et contre l’esprit

Feb. 6, 2020, midnight

Nous avions suggéré que l’histoire de l’après février-86 soit écrite, analysée, expliquée, pour que nous arrêtions de nous entredéchirer, de creuser l’abîme pour en sortir définitivement. C’est un impératif dicté par le constat objectif de la déchéance sociale, de la dérive politique, de la sécheresse économique, caractérisant la situation actuelle du pays. Certes, cet effondrement ne remonte pas aux évènements de février-86, mais prend, durant cette période de transition, tous les aspects de l’aventure inéluctable d’un peuple qui a perdu le nord, sans réelle possibilité de sauver son corps et son esprit, sans aucune espérance d’un changement, d’une rénovation... Il n’y a pas longtemps, ce peuple pauvre - tant bien que mal - gardait sa dignité, se souciait de sa propreté, respectait ses origines, s’accrochait à sa culture, à sa terre sacrée, à son patrimoine symbolique, à son histoire singulière, en dépit de l’enchaînement des fautes politiques des dirigeants. Ce peuple fier, en dépit de ses manques, de ses frustrations, de ses revers, ne confondait point le beau, le vrai et le bien, et, tant soit peu, respectait les valeurs spirituelles qui devraient construire, soutenir, maintenir l’équilibre de la société. Aujourd’hui, tout, ou presque tout, s’est effondré, au point de vue moral et spirituel, et le pays, comme un champ de ruines, reste figé dans son effarante et brutale destruction physique, achevée par le séisme du 12 janvier 2010. Cette situation nous préoccupe, nous, du Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP), et fait l’objet de toutes nos actions politiques, présentes et futures, en vue d’une justice sociale, d’une régénération du pays. À la conduite de ces actions patriotiques que nous voulons associer tous les citoyennes et citoyens de bonne volonté et de bon commerce, surtout, les élites conscientes de l’impérieuse nécessité d’une construction de l’État-Nation, indignées par la déchéance du pays.     Aujourd’hui, plus que jamais, les dirigeants ne semblent mener que des actions individuelles ou personnelles qui ne sont pas portées socialement, ni portées par une cohérence sociale susceptible de forger l’espérance d’un avenir commun. Leurs actions  ne répondent qu’à la satisfaction du bien-être futile et passager de leurs acolytes, de leurs complices, des membres de leur clan, poussent la population vers une grande désespérance, et cassent le lien social relevant du sacré d’un peuple. À savoir, ce patrimoine symbolique constitué des faits et réalités historiques, sociaux, culturels qui devraient alimenter l’âme de la Nation, la conscience collective. Ce patrimoine symbolique qui se définit comme l’ensemble de toutes les réalités symbolisées dans la conscience sociale appartenant à chacun des membres et qui constitue, en même temps, l’âme de la culture nationale, le souffle de l’identité nationale Nous, du RDNP, prenons, comme point de ralliement et de rupture, l’intersection formée par la  déchéance sociale actuelle et l’impératif du renouveau. Avant que la situation politique ne se dégrade en tyrannie totalitaire ; avant que toutes les forces vives ne choisissent la migration débridée ; avant que les «bandits légaux», les chefs de gangs armés, n’affichent clairement leur prétention à l’exercice direct des pouvoirs publics ; avant que les dernières réserves de moralité, de spiritualité ne s’épuisent ; avant que ne sombre, dans la délinquance, dans l’oisiveté, dans l’ignorance, dans l’abomination, toute une jeunesse ; avant que soient consommés, totalement, tous les péchés contre le corps et l’esprit de la Nation.      Nous, du RDNP, nourrissons cette prétention de constituer et de représenter la plus grande force politique, symbolisant la mystique de la foi en cette patrie, reçue en héritage, la mystique de cette folle passion du bien public qui fait de nous des guerriers de lumière, avançant avec assurance, avec confiance, sans peur, sans crainte, avec la responsabilité de changer le cours de l’histoire du pays, de «Changer la vie en Haïti». Cette mystique qui nous commande de, toujours, nous opposer à l’asservissement des citoyens et citoyennes ; à l’injustice sociale criante faite à une grande couche de la population ; à la balkanisation des pouvoirs, de l’autorité de l’État ; à l’effondrement imminent et presque total du pays. Vous qui avez la foi en ce choix populaire de la démocratie et du développement, vous qui avez encore la capacité de vous indigner du retard accumulé dans l’évolution de cette Nation, vous qui restez accrochés à ce coin de terre d’histoire de grandeur d’esprit, de noblesse d’âme, d’humanisme avéré, vous qui nourrissez encore ce chaud et vif sentiment d’un avenir commun, d’appartenance à une communauté d’intérêt, un réel engagement politique et citoyen doit, à ce moment crucial et fatidique, vous pousser à rendre possible le grand sursaut national, gage de votre patriotisme, de votre détermination à conjurer le mauvais sort.  Ce grand sursaut national qui doit prendre la direction du chemin et des chantiers de l’espérance. Ensemble, ensemble, ensemble jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men.  Éric Jean-Baptiste Secrétaire général du RDNP,