Le Nouvelliste
« La Chambre des députés part en vacances, le Sénat est en éveil constant », garantit Carl Murat Cantave
Sept. 9, 2019, midnight
Une République sans loi de finances, sans loi électorale et avec un projet d’amendement constitutionnel étouffé dans l’œuf, la République a bien de choses à reprocher à la Chambre des députés qui part pour ses dernières vacances ce lundi 9 septembre 2019. Le président de l’Assemblée nationale, Carl Murat Cantave, est d’avis que la Chambre basse, en prenant le chemin du non-retour, « laisse la République orpheline » de ces outils combien importants. Et comme on ne tire pas sur un corbillard, le président Cantave a bien trouvé un alibi pour dédouaner le défunt de l’entièreté de sa responsabilité. Ici, « les troubles politiques, les manifestations publiques, le mouvement peyi lòk, les agressions verbales et physiques qui ont émaillé la 50e législature » sont pris pour responsables. Mais comme un chef qui n’entend pas noter les défaites dans sa chronique de guerre, Carl Murat Cantave enchaîne : « Les troubles politiques ont clairsemé en quantité mais pas en qualité le bilan de la 50e législature. » Des mots on ne peut plus laudatifs pour alléger la conscience des élus du peuple au moment où chacun est contraint de regretter ce qu’il a fait ou non. Dans cette salle donnant l’allure d’un enterrement avec des costumes noirs pour les parents et des costumes blancs pour le défunts, le président Carl Murat Cantave a bien l’intention de laisser les morts et de penser aux vivants que sont les sénateurs de la République. C’est à ces sénateurs vêtus de noir qu'incombe la responsabilité de réaliser « les programmes non entièrement accomplis » des défunts. La relève est assurée. Sévère gifle pour « les adeptes du néant et du vide législatif qui s’adonnent à se frotter les mains ». Carl Murat Cantave les recadre : « Le départ de la Chambre basse ne signifie pas le dysfonctionnement du Parlement. » Selon lui, « le Sénat reste en éveil constant et attentif … » À ce titre il rappelle : « Le Sénat travaille en permanence et personne, personne ne pourra attenter aux dogmes constitutionnels qui fixent à six ans le mandat des sénateurs, nonobstant le renouvellement par tiers tous les deux ans. » Sur ce point, on flaire l’intention de Carl Murat Cantave, dont le mandat arrive à terme en janvier 2020, et on voit ce qui était caché derrière le sénateur Willot Joseph qui a conditionné son vote en faveur du gouvernement à une prolongation de son mandat. Un travail qui ne sera pas facile si l’on se rappelle, avec Carl Murat Cantave, que « le pays est sans gouvernement, l’insécurité fait rage, le combat herculéen entre l’opposition et le pouvoir » mais surtout pas de souci, au milieu de tout cela, « dans deux jours, le Sénat prendra ses responsabilité pour faire suite à la Chambre basse qui a pris la sienne ».