Le Nouvelliste
Journée de manifestations et tension à Port-au-Prince
Sept. 7, 2020, midnight
L’atmosphère était tendue dans la région métropolitaine, le lundi 7 septembre. Tôt dans la matinée, des barricades ont été érigées à Carrefour Vincent (Cité Soleil). Des camions ont été également utilisés pour obstruer la route. Les habitants de la zone, à l’origine des barricades, exigeaient la libération d’Arnel Bélizaire, de Pierre Cémélus Killick, Garry Philémon, entre autres, qu’ils considèrent comme des prisonniers politiques. La circulation a été perturbée durant plusieurs heures dans cette zone. Les policiers du Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH) étaient également dans les rues ce lundi. Les protestataires, quelques dizaines, ont dénoncé la révocation du policier Abelson Gros Nègre, porte-parole du SPNH. Ce dernier a dénoncé ce qu’il considère comme une révocation arbitraire. « Après 11 ans, on n’a rien à me reprocher. On me révoque parce que je dénonce la corruption, parce que je réclame de meilleures conditions de travail pour les policiers, parce que je dénonce les vols de chèques des policiers. Nous n’allons pas abandonner. Nous avons le droit de manifester, de nous syndiquer. C’est un droit constitutionnel », a-t-il rappellé. Parti du carrefour de l’aéroport, le cortège du SPNH a arpenté les avenues Martin Luther King et John Brown (Lalue). Des pneus enflammés ont été remarqués dans ces artères. Cette manifestation a été dispersée par les forces de l’ordre. Certains participants ont pris la poudre d’escampette à l’approche d’un blindé de la police. Des étudiants de la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE), et d’autres entités de l’UEH, étaient également dans les rues ce lundi pour réclamer justice pour le bâtonnier, Me Monferrier Dorval, et dénoncer l’insécurité. Cette manifestation a provoqué un branle-bas dans le centre-ville de Port-au-Prince. Certains protestataires ont contraint les responsables du lycée Fritz Pierre Louis de renvoyer les élèves. Des heurts ont éclaté entre étudiants et forces de l’ordre aux abords du palais national en marge de cette manifestation. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la manifestation. Les étudiants ont répliqué à coups de pierres. Ils ont tenté d’incendier un blindé de la police tombé en panne devant les locaux de la FDSE alors que des policiers se trouvaient à l'intérieur. Les agents de l’UDMO et de l’USGPN ont utilisé l’artillerie lourde pour repousser des étudiants qui s’approchaient du palais national. Des tirs sporadiques ont été entendus. Au moins deux policiers sont sortis blessés légèrement de ces affrontements.