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Le Nouvelliste

Les États-Unis réunissent les secteurs privés d'Haïti et de la République dominicaine

Dec. 16, 2019, midnight

Les États-Unis continuent d’agir en faveur de la formalisation des échanges commerciaux entre Haïti et la République dominicaine. À Miami, lundi 16 décembre 2019, des officiels américains, l’assistant secrétaire d’État américain pour les affaires de l’hémisphère Ouest, Cynthia Kierscht, et les ambassadeurs des États-Unis en Haïti et en République dominicaine, Michele B. Sison et Robin Bernstein, ont réuni des  représentants des secteurs privés de ces deux États se partageant l’île afin de discuter de la mise en place des éléments essentiels à un environnement favorable aux affaires des deux côtés de la frontière, selon la légende d'une photo postée sur le compte Instagram de l’Amcham.  « La discussion s’est portée spécifiquement sur des pas que  le secteur privé peut franchir pour augmenter le commerce formel, diminuer le commerce informel, la contrebande, et promouvoir les investissements. Le groupe s’est mis d’accord pour se rencontrer dans un futur proche afin de poursuivre les discussions sur comment promouvoir au mieux et partager la prospérité dans la région », lit-on dans cette publication de Amcham. « J’ai apprécié la rencontre. Je vois que les deux parties veulent faire avancer les choses, lutter contre la contrebande qui affecte les deux pays », a confié au journal le 1e vice-président d’Amcham, Christelle Vaval, qui a participé à la réunion. Les auspices des États-Unis à ces discussions sont accueillis favorablement par les secteurs privés des deux pays. « Cela permet d’accélérer le travail que nous devons faire »,a-t-elle poursuivi, indiquant qu’une prochaine réunion est prévue l’an prochain. L’assistant secrétaire d’État américain pour les affaires de l’hémisphère Ouest, Cynthia Kierscht, a indiqué l’application des recommandations du rapport de la CSIS sur le dossier, a indiqué Christelle Vaval. Le président de l’ADIH, Georges Sassine, a confié au journal que les deux parties continuent de « s’entendre sur  comment régulariser les échanges à la frontière ». La normalisation des échanges commerciaux à la frontière peut permettre aux deux pays et particulièrement Haïti de capter des centaines de millions de dollars de taxes et de redevances détournés par des contrebandiers ayant dans leurs rangs des gens puissants, des élus et des membres du secteur privé des affaires. Off the record, une source proche des discussions a noté des initiatives comme la mise en place de Polifront, supportée par les États-Unis et par Taïwan. Cependant, a poursuivi cette source, les lignes ne bougent pas assez vite et à satisfaction depuis la publication en mars dernier du rapport de CSIS, un think tank de Washington. Le rapport a été financé par le gouvernement des États-Unis. Signe de l’intérêt grandissant des Américains dans la normalisation des échanges commerciaux, la sécurité frontalière entre Haïti et la République dominicaine, le Congrès américain, dans le cadre de loi de finances finale approuvée en février 2019, a demandé au secrétaire d’État de collaborer avec les gouvernements d'Haïti et de la République dominicaine pour élaborer des plans visant à renforcer la sécurité et le contrôle des frontières. Un tel plan devrait améliorer la sécurité, améliorer les opérations douanières, accroître la transparence et minimiser la corruption. Au plus tard 90 jours après la promulgation de la loi, le secrétaire d’État, en consultation avec l'administrateur de l'USAID, soumettra aux comités des crédits un rapport sur ces efforts, comprenant une description de l'utilisation des fonds mis à disposition ou destinés à être mis à disposition par la loi et par des lois antérieures pour soutenir de tels régimes. Au niveau du gouvernement des deux pays, il n’y a pas de grandes initiatives en vue, en dépit de l’appel de plusieurs associations du secteur privé à ce que se tienne un sommet sur les échanges commerciaux, la sécurité entre les deux chefs d’États. L’ADIH, l’AMCHAM et la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, en mars dernier, avaient établi la priorité des actions à entreprendre après le rapport de la CSIS sur le commerce illégal à la frontière entre la République d’Haïti et la République dominicaine  qui formule des recommandations pour instaurer la confiance, lutter contre la corruption, faciliter le commerce formel et promouvoir le développement dans la zone frontalière. « …Nous soulignons que la priorité immédiate est d’établir un contrôle sur le commerce frontalier, l’objectif étant la réduction et l’élimination effectives de la contrebande qui alimente la corruption et le non-respect de la loi, porte atteinte à l’emploi et nuit aux secteurs privés légitimes en République d'Haïti et en République dominicaine », lisait-on dans une note de ces associations du secteur privé. « Cela nécessite à la fois une capacité de contrôle des douanes et une capacité de sécurité, avait poursuivi la note. L'un sans l'autre ne sera pas efficace. [...] Cela nécessite l'attention des gouvernements haïtien et dominicain. Cela nécessite que les ressources et le personnel soient alloués à la fois au niveau national et au niveau international. Encore une fois, l’un sans l’autre ne sera pas efficace », avaient insisté ces associations signataires de la note dont le journal a obtenu copie.  « Bien entendu, le secteur privé haïtien soutient l'amélioration du commerce bilatéral légitime dans toutes ses dimensions, qui prend également en compte la coopération liée aux asymétries actuelles entre les deux pays. Pour soutenir le développement de relations commerciales positives avec la République dominicaine, la République d'Haïti requiert des politiques d'investissement et de développement appropriées, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles afin de garantir une supervision et une mise en application correctes de la réglementation, y compris non seulement des exigences douanières, mais également de la sécurité alimentaire et des médicaments, protection de l'environnement et autres normes techniques. Le secteur privé haïtien se réjouit de nouer de nouvelles relations de travail avec ses homologues. Nous sommes en faveur d'une coopération plus étroite entre les gouvernements et d'un engagement international accru pour faciliter et encourager de telles initiatives [2] », ajoutait cette note. En 2015, les exportations de la République dominicaine vers Haïti ont totalisé 1,4 milliard de dollars américains. La collecte des droits de douane en Haïti à tous les points frontaliers en 2018: moins de 20 millions de dollars américains - le nombre avoisine actuellement les 15 millions de dollars américains. La collecte des douanes haïtiennes au port de Port-au-Prince représente 31% du budget. Les pertes de revenus à la frontière pour le gouvernement haïtien provenant des importations dominicaines: environ 350 millions de dollars américains. Le budget de la République d’Haïti pour l’année  écoulée : environ 2,2 milliards de dollars américains. La perte de revenus à la frontière représente 16% du budget. Le déficit budgétaire du gouvernement haïtien pour l’année écoulée était d'environ 350 millions de dollars américains. La gourde haïtienne a connu sa pire dévaluation en 2018, passant de 60 gourdes pour un dollar américain à 83 gourdes pour un dollar américain, en grande partie à cause du déficit. Les exportations de la République d’Haïti vers la République dominicaine en 2018 : moins de 60 millions de dollars américains, avaient mis en perspective ces associations du secteur privé des affaires.