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Le Nouvelliste

La syndicaliste Magalie Georges contre l’idée de boucler l’année scolaire à tout prix

July 7, 2020, midnight

La syndicaliste Magalie Georges s’insurge contre la décision du ministère de l’Éducation et de la Formation professionnelle (MENFP) d’annoncer la reprise des activités scolaires pour le 10 août prochain. La coordonnatrice de la Confédération nationale des éducateurs haïtiens (CNEH) regrette qu’aucune mesure n’ait été prise concrètement en vue de protéger les élèves et le personnel enseignant. Magalie Georges s’attendait à des mesures visant à décongestionner les salles de classe surtout dans les lycées et à construire des blocs sanitaires dans les écoles.  Elle s’attendait aussi à des distributions de masques, de solutions hydro-alcooliques et de savon pour faciliter le lavage des mains, une mesure barrière qui se révèle désormais une obligation. « Pourquoi avait-on décidé de fermer l’école pour des raisons et de la rouvrir dans les mêmes conditions ? », se demande-t-elle. La reprise ne peut pas se faire dans n’importe quelle condition, estime la syndicaliste. Elle pense que le MENFP devrait réaliser une évaluation des établissements scolaires afin que des dispositions soient prises selon le nombre d’élèves qui les fréquente. À côté de tout cela, déplore-t-elle, on n’a rien dit des enseignants des écoles privées. Le dernier salaire reçu par les professeurs remonterait au mois de janvier, selon la syndicaliste. Elle dénonce l’absence d’un souci d’entretenir cette force de travail. On ne peut dans ces conditions demander aux professeurs de reprendre le travail, dénonce l'enseignante. Magalie Georges estime que la subvention octroyée par le gouvernement aux professeurs durant l’état d’urgence sanitaire ne leur a pas permis de compenser les salaires non perçus durant plusieurs mois. « Les professeurs vont se réveiller chaque matin pour aller dispenser leurs cours comme le faisaient les esclaves tous les matins pour se rendre dans les champs, avec l’espoir qu’ils vont recevoir à la fin du mois d’août entre 5 000 et 15 000 gourdes », balance la syndicaliste pour dénoncer les conditions salariales des professeurs des écoles privées. La reprise des activités scolaire se fera du 10 août au 9 octobre 2020, selon le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle. « Les écoles ayant bouclé leur programme par des travaux en ligne avec tous les élèves d'une même promotion ne sont pas concernées par ces dispositions. Elles pourront transmettre leur décision de fin d’année suivant la procédure. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si quelques élèves n’ont pas pu suivre le programme en ligne, elles doivent reprendre les activités scolaires comme toutes les autres », a précisé le ministre Pierre Josué Agénor Cadet. Magalie Georges, qui se prononce contre la volonté de boucler l’année scolaire à tout prix, met au défi le ministre de l’Éducation nationale de présenter la liste des écoles qui ont pu boucler leurs programmes en dispensant des cours en ligne durant la période du coronavirus. Elle dénonce une volonté de la part des responsables des établissements scolaires de faire payer les parents lorsqu’ils annoncent que l’année scolaire a été bouclée. La  dirrigeante de la Coordination nationale des enseignants haïtiens pointe du doigt les écoles congréganistes qui tentent de faire croire à ce « mensonge ». « J’appelle l’Église catholique à mettre de l’ordre dans cette affaire. Ce n’est pas normal. Le mensonge ne peut devenir un mode de fonctionnement au sein des institutions qui devraient pourtant être morales… On ne peut pas affirmer avoir bouclé le programme sur la base des devoirs qu’on a envoyés aux enfants », regrette-t-elle. Avec tous les événements qu’il y a eu dans le pays au cours de cette année académique, Magalie Georges ne croit pas que les écoles aient eu véritablement le temps de boucler leurs programmes. La majorité des écoles n’ont pas non plus les moyens techniques de dispenser les cours en ligne, constate la normalienne.