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Le Nouvelliste

Le poste de transfusion sanguine de Jacmel en dysfonctionnement

Dec. 6, 2019, midnight

À Jacmel, depuis plus de trois mois, le poste de transfusion sanguine ferme ses portes. Les infirmières et les techniciennes affectées à cette institution réclament une intervention urgente des autorités concernées. Installé dans le périmètre du bâtiment logeant l’hôpital Saint -Michel, le poste de transfusion sanguine de Jacmel, souvent épaulé par les promoteurs du Club25 de la Croix-Rouge Jeunesse, a pour responsabilité de réaliser des collectes mobiles de sang dans les écoles et dans toutes les associations en vue de disposer d'une quantité de pochettes de sang disponible pour aider les patients qui en ont besoin. Le poste de transfusion sanguine de Jacmel est le seul qui fait don de sang aux patients. Il est d'ailleurs l'unique banque de sang qui dessert tout le département du Sud-Est. Les deux hôpitaux publics, dont l’hôpital Saint- Michel de Jacmel et l’hôpital communautaire de référence de Cayes-Jacmel sont les plus grands utilisateurs de pochettes de sang. Le PTS reçoit en moyenne 30 demandes par jour, alors que dans les collectes mobiles les prestataires prélèvent  moins de 20 pochettes par semaine, ce qui met le personnel dans l’impossibilité de satisfaire les patients. Cependant, depuis la fin du mois d’août 2019, les membres du personnel dudit poste sont en grève. Ils réclament onze mois d'arriérés de salaire. Plusieurs rencontres infructueuses ont été organisées entre le directeur départemental sanitaire du Sud-Est, le Dr Newton Jeudy, et les cadres du PTS pour résoudre cette crise. Mais la porte reste encore verrouillée. Les malades continuent de souffrir et les cas de décès ne cessent d’augmenter. Mme Rose Josette Sèche, la responsable du PTS de Jacmel, a déploré le dysfonctionnement de cette structure depuis si longtemps. « Nous avons la volonté de continuer à offrir nos services à la population, mais l’exigence financière pèse trop lourd. Nous avons déjà dépensé toute notre épargne durant ces onze mois, maintenant nous sommes à court de ressources. Nous aimerions que les responsables fassent le nécessaire en vue de permettre la reprise des activités du PTS. Comment nous, les infirmières, pouvons accomplir convenablement notre travail pendant que nous sommes dans l’insécurité financière, se questionne-t-elle. « Avec la montée des prix de tous les produits ainsi que ceux des transports en commun tout devient pour nous plus difficile qu’avant, alors que l’État haïtien refuse de nous payer », souligne Mme Sèche. Par ailleurs, elle a saisi l'occasion pour se prononcer sur la situation critique du poste qui, depuis plusieurs années n’a reçu aucun financement. « Dans le temps, grâce au financement du Fonds mondial, nous avions eu la possibilité de réaliser des collectes mobiles dans les écoles non seulement à Jacmel mais dans les communes avoisinantes. Nous avons aussi reçu un don d’un véhicule de la Croix-Rouge coréenne, ce qui a facilité nos activités, mais dommage, le véhicule a été endommagé au cours d’un accident. Le poste se retrouve dans une situation critique. Nous n’avons pas de véhicule pour réaliser des collectes mobiles, nous ne sommes plus assistés par des promoteurs du PNST (Programme national de sécurité transfusionnel). Tout cela constitue pour nous un grand handicap », a confié Mme Rose avec un sentiment  de tristesse. Toutefois, elle demande aux parents des malades et aux autres victimes de comprendre leurs revendications tout en souhaitant qu’il y aurait une réponse hâtive à cette crise. Malgré  l'ampleur de l'arrêt de travail observé par le personnel et la carence de sang dans les hôpitaux concernés, le poste de transfusion sanguine de Jacmel reste encore fermé, les membres du personnel continuent à espérer et les malades qui souffrent sur les lits d’hôpital ne savent à quel saint se vouer.