Le Nouvelliste
L'assemblée constituante illégale et anticonstitutionnelle, selon l’historien Georges Michel
June 18, 2020, midnight
L’historien Georges Michel s’oppose à l’idée de mettre sur pied une assemblée constituante afin de modifier la Constitution. L’assemblée constituante est illégale et anticonstitutionnelle, a-t-il déclaré tout de go jeudi sur Magik 9. Il fait savoir que la Constitution actuellement en vigueur a déjà tracé les procédures de son amendement. « Une assemblée constituante ne sera profitable ni au président de la République ni au pays. Elle va conduire le pays vers une crise beaucoup plus grave que celle que nous avons aujourd’hui », prévient celui qui avait fait partie de l’Assemblée constituante en 1987. Le président, avec sa volonté de changer de constitution à travers une assemblée constituante serait en train d’hypothéquer son avenir au pouvoir. L’historien Georges Michel rappelle que l’ancien président Jean-Claude Duvalier a été chassé du pouvoir après avoir changé la Constitution. « Il en est de même pour Salomon. Il sont partis avec leur constitution », rappelle celui qui craint que la même chose n'arrive à Jovenel Moïse. Il estime que le gouvernement a raté le timing d’introduire la procédure d’amendement en bonne et due forme à l’époque où il y avait encore un Parlement. Georges Michel, qui rejette le travail de la commission dirigée par le député Jerry Tardieu qu’il a qualifié de « farfelu », pense que le président de la République doit mettre sur pied une commission avec pour mission de proposer au Parlement les articles qui méritent d’être amendés dans la Constitution après des consultations avec tous les secteurs de la vie nationale. Le timing étant raté, c’est la prochaine législature qui doit entamer le processus d’amendement, selon Georges Michel. « On ne peut rien faire pour le moment », souligne l’ancien membre de l’Assemblée constituante qui est pourtant convaincu que l’actuelle Constitution mérite « un allègement », « une simplification ». Georges Michel croit que « nous devons sortir des amendements frauduleux de Martelly ». Il critique le retrait de l’article 149 portant sur la présidence provisoire. « Il nous faut sortir de l’illégalité des deux constitutions : l’une en français et l’autre en créole qui sont différentes l’une de l’autre », déplore Georges Michel. Le président Jovenel Moïse aurait pu faire le retrait de la promulgation de Martelly et demander à la prochaine législature de travailler sur des amendements sérieux avec des experts, poursuit-il. Si certains membres de la communauté internationale appuient le projet d’amendement de Jovenel Moïse, c’est parce qu’ils ne vont pas dans les choses en profondeur, affirme Georges Michel. Le président Jovenel Moïse, qui a joui déjà de l’appui du Bureau intégré des Nations unies (BINUH) pour Haïti, veut avoir l’appui d’autres personnalités et secteurs de la société dans la formation d’une assemblée constituante pour une réforme constitutionnelle avant d’organiser les élections et quitter le pouvoir le 7 février 2022. Mission qu’il a confiée à son conseiller Guichard Doré.