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Le Nouvelliste

Coronavirus : Ronald Laroche appelle les autorités à se concentrer sur le curatif

March 26, 2020, midnight

Nous avons déjà perdu la bataille pour prévenir le coronavirus, et ceci pas seulement en Haïti mais à travers le monde. C’est la position du Dr Ronald Laroche, président du réseau d’hôpitaux DASH. Toute stratégie allant dans ce sens, selon l’épidémiologiste, est un échec d’avance. « On n’arrête pas les virus », ajoute-t-il lors d’une interview accordée jeudi matin à radio Magik 9. Pour le responsable du DASH, les autorités devraient converger davantage leurs forces dans la prise en charge des malades. « La bataille sera menée au niveau du curatif », précise-t-il, en soulignant que les actions de prévention n’auront comme effets que de retarder la propagation de la maladie et d’éviter que toute la population soit infectée en même temps. Ce qui mettrait le système sanitaire dans une situation de débordement. 80% de la population va attraper le coronavirus, prévient Ronald Laroche. Mais la bonne nouvelle, ajoute le médecin qui affirme qu’on n’arrête pas la grippe ni les virus, 80% de ceux qui attraperont le virus n’auront même pas de symptômes. 15% vont avoir des symptômes mineurs tels que le toux, la fièvre, la grippe, les courbatures que l’on pourra traiter en ambulatoire, c’est-à-dire des traitements symptomatiques qui sont à portée des citoyens. Pour lui, seuls les 5% qui présenteront des symptômes extrêmement graves auront besoin d’être hospitalisés. « La bataille sera menée au niveau du curatif », selon Ronald Laroche. À ce niveau, il plaide pour une stratégie adaptée à la réalité haïtienne. « Il ne s’agit pas de copier ce que font les autres », ajoute-t-il. Compte tenu du manque de ventilateurs dans le système sanitaire, le médecin pense que l’Etat haïtien devrait réquisitionner toutes les bonbonnes d’oxygène que l’on produit localement et les mettre à la disposition de toutes les institutions sanitaires. « Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va pouvoir acheter des ventilateurs », analyse-t-il. On ne peut pas confiner la population haïtienne. Se vantant d’être pragmatique, Ronald Laroche se prononce contre l’idée de confiner la population chez elle comme le font les autres pays développés touchés par le Covid-19. « On n’engage pas une population dans un combat qu’on ne peut pas gagner. Le confinement n’est pas pour la population haïtienne », a-t-il déclaré. Les autres pays le font parce qu’ils ont les moyens de subvenir aux besoins des citoyens pendant qu’ils sont confinés chez eux. Ronald Laroche explique également que la manière dont sont construites les maisons constitue un frein au confinement qui est une stratégie utilisée pour empêcher la propagation du virus. Ronald Laroche propose de préférence l’usage du masque que l’on peut produire localement. « On peut mettre au travail toutes les petites couturières, les usines de sous-traitance, tous les ateliers », suggère l’ancien gagnant du concours Digicel Entrepreneurs en 2013. Il pense aussi que le confinement va détruire les structures économiques alors que le « coronavirus n’est qu’une méchante grippe qui après avoir atteint son pic va disparaître ». Ronald Laroche prévoit que le confinement peut aboutir à une « catastrophe humanitaire, nutritionnelle et sociétale ». « Il ne faut pas que le remède soit plus nocif pour le malade », dit le médecin qui croit qu’une réflexion saine doit être faite pour venir avec une solution haïtienne. Huit jours après l’identification des deux premiers cas de Covid-19 confirmés dans le pays, les associations d’hôpitaux privés n’ont toujours pas été contactées par les autorités. « Moi, je n’ai pas encore été touché ni contacté par les autorités sanitaires de mon pays. Et même en tant que membre du conseil d’administration de l’Association des hôpitaux privés d’Haïti », a confié le patron de DASH qui est un réseau de vingt centres médicaux et de sept hôpitaux à travers le pays. « Il faut qu’ils bougent vite », a lancé Ronald Laroche à l’endroit des autorités. Soulignant que l’association regroupe des « professionnels de valeur », il invite les autorités à les réunir pour savoir quoi faire. « Les mesures prises par l’Etat pourraient être améliorées», a conclu le Dr Laroche.