Le Nouvelliste
Chaos, démence, violence : le quotidien d’un peuple
Sept. 9, 2020, midnight
Il ne reste quasiment plus que le « secteur formel des affaires », appellation quelque peu prétentieuse, à ne pas s’être prononcé pour le départ de Jovenel Moïse du pouvoir et la production d’un accord national organisant la transition vers de vraies élections démocratiques. Si des associations professionnelles et certains secteurs religieux ne se sont pas prononcés formellement, on entend parmi eux des voix allant dans le sens de la volonté majoritaire. Des institutions du secteur formel des affaires avaient pourtant formulé cette demande, il y a quelque temps. Il n’est pas clair si elles se sont rétractées ou si elles considèrent qu’il ne leur est pas nécessaire de redire ce qu’elles avaient dit il y a quelques mois. Dans des moments extrêmes, l’histoire n’est l’amie ni du flou ni de l’incohérence. Il y a aussi quelques médias qui sont à Jovenel Moïse PHTK, ce que Fox News est à l’extrême-droite américaine. Et ceux qui ont peur. Parce que la routine, parce que l’inconnu… Il demeure que tant que Jovenel Moïse et PHTK resteront au pouvoir, le quotidien du peuple, de la nation, de la société sera chaos, démence, violence. Chaos, le bâtonnier n’avait pas tort. Pays ni gouverné ni dirigé. Incohérence des actions du pouvoir, les unes constituant la négation des autres. Vente de postes contre promesses de loyauté. Filouterie, marchandages… Dysfonctionnement de toutes les institutions. Laisser-aller. Laisser-faire. Brigandage. Désordre. Incompétence. Et contestation partout. Mesures folles. Actions folles. Contestation partout : santé, éducation, finances… Démence : Soliloque d’un va-t-en-guerre qui a l’oreille de Dieu et ne parle plus qu’à ses oreilles, en a après tout le monde, veut sabrer « ennemis », institutions, son ombre. Donneur de leçons se faisant sans cesse corriger par les doctes comme par le simple citoyen sur ce que c’est que l'État, la loi, la fonction publique… Violence criminelle. Violence d’Etat. Alliance officialisée entre le banditisme et l’Etat. Pacte fragile violé tantôt par l’un, tantôt par l’autre. C’est selon ce qu’a dit telle ambassade, selon la clameur levée par tel crime ou telle exaction. Aujourd’hui les défenseurs et alliés du pouvoir et du PHTK ne sont bien vus de quiconque dans la société. Ils se sentent menacés. Se sentant menacés, ils menacent. Deviennent agressifs. La peur veut faire peur. Et la menace peut vite passer à l’action. Violence jusque dans leur façon de conduire : klaxons, sirènes, violation des règles les plus élémentaires de la circulation. Dans leur façon de parler. Ils imitent leur chef, invectivent. Macoutisme de fin de règne. Violence : poings et pierres contre les actes de répression. Un sentiment montant de légitime défense chez les jeunes et les démunis. Tant que Jovenel Moïse restera au pouvoir, ce sera ça le quotidien du peuple, de la société, de la nation. Crises dans la crise. Bourbier. Vase. Et plus il tentera les choses dictées par ses intérêtes personnels et son délire autoritaire, plus le conflit s’envenimera avec le pays. Voilà le quotidien qui nous attend, qui nous atteint déjà tant que Jovenel Moïse restera au pouvoir. Il faut avoir des intérêts vraiment contraires à ceux de la nation pour souhaiter que cela perdure.