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Le Nouvelliste

« Les gangs armés ont défié la police nationale », selon le Protecteur du citoyen

July 8, 2020, midnight

Lundi, comme c’était le cas le 29 juin dernier, la police nationale a réprimé un sit-in pacifique d’une cinquantaine de participants qui exigeaient le respect du droit à la vie en particulier. L'institution policière a offert un spectacle nettement différent face aux gangs armés composant l’association « G-9 an fanmi e alye », qui manifestaient mardi pour la réouverture des tronçons de rues bloqués pour endiguer leurs exactions. Les manifestants de lundi avaient des pancartes et des banderoles pour traduire leur ras-le-bol, ceux de mardi étaient munis d’armes automatiques et ils n’ont pas hésité à s'en servir. Au cours d’une interview exclusive accordée au journal, le protecteur du citoyen, Me Renan Hédouville, n’a pas manqué pour critiquer le mode opératoire disparate de la police nationale face à ces deux situations. « Nous condamnons la façon dont les policiers ont bloqué le sit-in devant le ministère de la Justice, dans la mesure où les participants étaient pacifiques et n’ont pas usé de violence », a déclaré le protecteur du citoyen. Selon M. Hédouville, les citoyens ont le droit de manifester et de s’exprimer librement en vertu des termes de l’article 31 de la Constitution de 1987, des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte relatif aux droits civils et politiques. Me Renan Hédouville désapprouve le fait que les forces de l’ordre lancent « aveuglément » du gaz lacrymogène pour disperser les groupuscules pacifiques qui réclament le droit à la vie. « D’un autre côté, nous condamnons la présence des gangs armés qui ont défié encore une fois la police. Nous voulons rappeler que la sécurité, la protection des vies et des biens dépendent de l’État », a réitéré le protecteur du citoyen, jouant un rôle de vigile pour l’État et de porte-parole pour la population en matière des violations de droits humains. L’État haïtien étant le garant de la sécurité publique, il doit, de l’avis de Me Hédouville, rétablir l’ordre public à chaque fois que des citoyens armés créent des troubles au sein de la population. Renan Hédouville se dit très préoccupé par cette question, car l’insécurité freine le développement, sape les fondements de la paix et de la démocratie. La jouissance et l’exercice des droits humains ne sont point possibles dans un climat d’insécurité. Les autorités policières n’ont pas réagi alors que les critiques n’ont pas cessé depuis. Quelques semaines avant ces manifestations, le ministre de la Justice avait instruit le haut commandement de la police de « traquer comme des bêtes sauvages » des bandits, notamment Jimmy Chérisier, alias Barbecue, ancien agent de police devenu chef de gang et fer de lance de « G-9 an fanmi e alye ». À noter que Barbecue opère au vu et au su de tous dans son fief, au bas de Delmas.