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Le Nouvelliste

Bahamas et la République dominicaine expulsent par milliers les migrants haïtiens

Dec. 19, 2019, midnight

Le rapatriement des migrants haïtiens n’a jamais cessé. De janvier à novembre 2019, un total de 99 466 migrants ont été rapatriés à la frontière haïtiano-dominicaine, rapporte le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR). Cette année, d’après les statistiques du GARR, le nombre a presque doublé comparativement à 2018 (50 942 migrants rapatriés à la frontière de janvier à décembre). Le GARR condamne le rapatriement des migrants haïtiens à la frontière haïtiano-dominicaine qui sont victimes de violations de droits humains de manière récurrente. Les violations les plus fréquentes sont la non-jouissance des droits à la dignité, à l’égalité, au respect et à la non-discrimination. Du côté des Bahamas, après les 340 migrants haïtiens en situation irrégulière déportés en novembre, selon l’Organisation internationale de la migration (OLM), une nouvelle vague de 113 migrants ont été renvoyés dans le pays à la mi-décembre à bord d’un avion. Selon le journal bahamien The Nassau Guardian, le groupe initial de migrants haïtiens sans papiers comprenait 54 hommes, 17 femmes et quatre mineurs et a été ensuite rejoint par 26 hommes, 11 femmes et un mineur. Selon l'OIM, le rapatriement de migrants haïtiens devrait se poursuivre, car les autorités bahamiennes ont fait part de leur intention de renvoyer tous les migrants irréguliers de leur territoire. Les rapatriés ont été appréhendés pour la plupart dans la rue, sur leur lieu de travail ou à leur domicile au cours des descentes effectuées habituellement au milieu de la nuit par les agents d'immigration. Pour Géralda Saint-Ville, responsable de communication et de plaidoyer du GARR, il est impérieux d’attirer l’attention des autorités haïtiennes sur la nécessité de gérer la migration dans le pays. Les opérations de rapatriement par les autorités dominicaines s’accompagnent souvent de mauvaises conditions de détention et d’atteinte à leur intégrité physique. […] Le gouvernement haïtien doit prendre ses responsabilités concernant la gestion de la migration dans le pays », a-t-elle ajouté, insistant par ailleurs sur les mécanismes de réinsertion qui peinent à être effectifs pour permettre aux migrants de rester dans leur pays d’origine lorsqu’ils sont rapatriés. Aussi, le GARR dit « s’inquiéter fortement » de l’ampleur de la migration irrégulière des ressortissants haïtiens. « C’est une situation complexe qui recouvre des situations variées avec ses lots de drames humains, dont les naufrages des embarcations de fortune », a écrit l’organisme de défense des droits des migrants. Cette dernière a fait remarquer que des naufrages de boat people haïtiens ont été enregistrés au début et tout au long de l’année 2019. Le plus dramatique est celui où l’on avait enregistré plus de 28 morts dans les mers des Bahamas. Des naufrages n’ont pas dissuadé les autres migrants. C’est pourquoi le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés, rappellant que combien est difficile la situation des migrants haïtiens qui font l’objet d’exploitation là où ils sont, a insisté sur l’urgente nécessité de faire appliquer une politique nationale de la migration élaborée sur une approche de droits humains en Haïti. Les migrants sont traités différemment suivant leur profil socio-économiques. Les plus nombreux, non qualifiés, fuyant le pays pour des causes socioéconomiques n’ont pas trouvé de territoire hospitalier garantissant la jouissance de leurs droits fondamentaux. Au contraire, ils sont l’objet d’exploitation et deviennent la cible de discours fallacieux et hostiles, peut-on lire dans un communiqué du GARR.