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Le Nouvelliste

Covid-19 : s’adapter à la dimension réelle du virtuel

April 30, 2020, midnight

Je prends un plaisir bien réel à vous adresser le discours d’ouverture de la FinTech dans le cadre de la 10ième édition du Sommet Internationale de la Finance. La réalité du virtuel est en train de prendre la pleine mesure du concret dans un monde encore dominé par le schéma occidental de la pensée cartésienne. Cependant, les temps changent, imperceptiblement, à l’image de ce mouvement d’horloge que même l’esprit le plus averti peine à capter dans sa quotidienneté. Et comme le gong de l’horloge, les moments historiques sont là pour venir consigner, dans les annales, les moments de rupture qui, souvent, sont déjà, pour l’esprit d’avant-garde, des éléments du passé. La pandémie du COVID-19 recoupe bien cette analogie. Aujourd’hui, la réalité quantique prend la pleine mesure du concret dans des applications technologiques qui envahissent, mine de rien, l’espace de l’utilitaire à l’image de l’ordinateur quantique en gestation. Progressivement, la logique cartésienne est en train de s’ouvrir à une forme plus ouverte de rationalité que les scientifiques les plus pétris de sciences pures désignent, au propre pour certains, ou au figuré pour d’autres, sous le nom de mystères des nano structures. Les temps changent donc, imperceptiblement, et certaines frontières du fait scientifique comme du fait technologique perdent de leur étanchéité à l’image de la frontière déjà ténue entre le virtuel et le réel. Au temps où le virtuel devient le nouveau réel, bienvenue dans la dimension réelle du virtuel. Il aura fallu la crise du COVID-19 pour donner à cette dimension une échelle planétaire. Pour Haïti, le Sommet 2020 représente l’occasion idéale pour intégrer avec fierté cette mouvance dans les moments mêmes de ses manifestations premières. C’est d’ailleurs, fort de cette fierté que procure la légitimité d’être partenaire privilégié de cet événement que la BRH, par mon organe et au nom du Conseil d’Administration, vous convie aux assises historiques des premières assises virtuelles de la Fintech. Je m’associe également au Group Croissance, à Profin et á PROFIT  pour souhaiter une chaleureuse bienvenue aux participants de cette première qui se trouve être la 5ième édition de cette manifestation. Fort heureusement, les thèmes que sont : l’impact des TIC sur la finance, le rôle de la technologie dans l’éducation, les enjeux du Bitcoin, l’inclusion financière à travers les TIC, tous traités dans les précédentes éditions, rencontrent à point nommé les besoins de réflexion du thème particulier de l’édition actuelle. Nous avons donc, s’il en est besoin, le minimum de prérequis pour asseoir l’action de « Financer la réponse au COVID-19 et préparer l’après-crise ». Les interventions qui vont suivre revêtiront, à n’en pas douter, un caractère prospectif. Il y va du contexte historique de ce sommet. A ce tournant particulier, l’importance des enjeux devrait inspirer les réflexions les plus novatrices aux praticiens des secteurs privés et publics, aux membres de la communauté académique et aux professionnels des institutions internationales pour fonder les actions que nécessitera, beaucoup plus tôt que dans le cours normal des choses, la mise en place du nouvel ordre international que la crise du COVID-19 aura initié sans préavis.  C’est donc un honneur pour moi de lancer ce matin les activités de cette édition. Chers Participants Virtuels, Les conditions dans lesquelles se tiennent les assisses de 2020 révèlent une capacité d’adaptation qu’on gagnerait à reproduire à une échelle nationale dans une société figée dans la torpeur d’une croissance anémique sur les quatre dernières décennies. Il a fallu la résilience des institutions partenaires, le professionnalisme et la compétence des concepteurs, pour aboutir à la tour de force d’organiser ce sommet virtuel là où la logique première laissait entrevoir, au mieux, un ajournement des activités. Le gouverneur a mis la barre à un niveau encore plus élevé de difficulté en manœuvrant pour respecter la tenue de l’évènement au mois d’avril, dans la tradition sans faille des éditions précédentes. Aujourd’hui, nous y voilà ! Pari tenu ! Une petite voie tracée dans le long cheminement des paris à gagner en matière de création et de répartition de la richesse, de valeurs ancestrales à redorer, de patrimoine culturel et historiques à remembrer ; des vecteurs qui ont pour résultante le maître-mot : Développement. La leçon à tirer est que le raccourci technologique est un outil puissant lorsqu’il est au service d’une volonté collective. Ce n’est pas le défi qui manque à ceux qui n’ont de choix que de s’engager. C’est le fardeau de chaque haïtien à l’an 2020 de tous les enjeux. Entre la tenaille d’une crise sociétale qui a trop duré et les assauts de plus en plus rapprochés de l’hydre planétaire du COVID-19, la société haïtienne est à l’heure du sursaut qui nous fera trouver dans les graves difficultés actuelles les pousses d’opportunités nouvelles. Pour la planète entière, la crise économique qui accompagne la crise sanitaire laisse ouvertes les options post-pandémie. Les cas de figures couvrent une plage très large de situations qui dépendront du degré de désarticulation des structures de l’économie mondiale et des fractures sociales qui en découleront. Le retour, même transitoire, à des formes plus autocentrées d’action de développement est dans l’ordre des considérations que nous devrions contempler comme voie de sortie à notre propre crise de société. C’est donc l’occasion pour nous d’ouvrir le champ à plus d’autonomie dans la conduite des politiques publiques en modulant notamment les horizons qu’on leur imprime. Il faudra par ailleurs s’écarter de toute tentation de repli sur soi. L’une des façons de s’y prendre est de profiter des effets de synergie et d’amplification liés aux acquis des technologies qui ont fait leur preuve dans les économies de transition. Citons à titre d’Exemples : La Formation en ligne pour obvier aux limitations chroniques des infrastructures académiques et d’un personnel enseignant en quantité en qualité insuffisantes Le développement des énergies renouvelables, notamment solaire, pour répondre aux besoins énergétiques associés à un tel effort Le télétravail pour contourner les contraintes d’infrastructures à la création d’emplois et comme véhicule privilégié dans la mobilité internationale du facteur travail. Le mobile-banking pour sauter la barrière de la proximité dans l’accès aux services financiers et qui, dans ce contexte, aurait pu permettre d’adresser le besoin de la distanciation sociale dans les transactions financières au niveau des banques commerciales. Ces exemples, bien maigres par rapport aux champs ouverts de possibilités, illustrent la capacité des applications technologiques à transformer l’organisation sociale du travail et ouvrent les choix individuels à un degré beaucoup plus large de flexibilité dans le cadre d’un marché de l’emploi libéré d’un niveau trop coercitif de contraintes physiques. Ils appellent à mon sens á deux niveaux de considérations : Le besoin immédiat, pour un pays comme Haïti, d’accommoder l’existant technologique dans la guerre ouverte contre la dissémination du COVID-19 et d’en faire un outil privilégié de prévention dans un environnement fortement limité en matière d’infrastructure sanitaires. La mise en place d’un dispositif large de développement des technologies de masse, dans le cadre d’une Stratégie Nationale d’Inclusion Numérique, sur des horizons moyen et long, pour se créer une place honorable dans ce qui ne tardera pas à se dessiner comme le paradigme d’un ordre économique nouveau. La leçon fondamentale, que l’ampleur des préoccupations immédiates renvoie au second rang des réflexions sur la pandémie actuelle, est le danger que représentent les fractures de toutes sortes, tant au niveau local qu’au niveau mondial, dans un monde où, in fine, la notion de frontière est un leurre,  ne serait-ce que par rapport à la réalité du partage planétaire d’une même biosphère. La marche du progrès planétaire est donc indivisible de son contenu humanitaire global. Fracture numérique, fractures économiques, fractures sociales, sont aussi des facteurs de résilience et, de mutations extrêmes des vecteurs de pandémie en raison de leur meilleure capacité à couver dans les espaces de pauvreté qu’elles alimentent. Le recours au confinement, même dans des conditions de grandes facilités technologique, ne saurait  être une solution durable. Erigé en dispositif de politique publique, il conduit facilement à la configuration sociale si bien décrite dans le roman 1984 de Georges Orwell. Une tentation du repli qui ouvre la porte à des formes sophistiquées de la tentation totalitaire ; à la rétrogradation de notre humanité. Par contre, dans le décor opposé, la marche du progrès planétaire s’accommode mieux du merveilleux à la Jules Verne, dans lequel l’appropriation humanitaire des applications scientifiques les plus innovantes ouvre la voie à ce qu’il y a de mieux dans la nature humaine.   Chers Participants, La tenue de la 10ième édition du Sommet International de la Finance dans un environnement virtuel de rencontre et d’échanges représente un tournant majeur dans l’existence de cet événement, sinon dans la vie socio-professionnelle en Haïti. La FinTech, qui a fini par s’installer comme composante technologique du Sommet, est l’un des principaux acteurs de ce tournant. Je veux voir dans les assises d’aujourd’hui un saut sur une orbite supérieure d’activité qui prépare cet acteur à jouer, au profit d’Haïti, le rôle qui est le sien dans la nouvelle configuration socio-technologique que le COVID-19 est en train de profiler. L’apprentissage est un facteur inhérent à tout processus d’adaptation et de développement. Plus forte est la pente de la courbe qui trace ce cheminement, meilleur est le rendement économique et social qui s’y rattache. Cette course à l’efficience commence avec la pertinence des idées qui sortiront de ces assises. Nous, les acteurs d’aujourd’hui n’aurons pas  l’occasion de contempler l’arrivée. Mais, qu’à cela ne tienne !! Nous n’avons d’objectif que d’être dans le peloton de tête au moment de passer les torches à la génération du prochain relais. En ce sens, vous conviendrez avec moi que le développement technologique est finalement une course de relais dont les gains d’étape conditionnent la vie des peuples. Je trouve que c’est extrêmement  passionnant comme challenge ! Je déclare ouvertes les assises 2020 de la Fintech. MERCI Ronald GABRIEL