Le Nouvelliste
Gonaïves : malgré la trêve de l’opposition à Raboteau, les barricades demeurent intouchables
Feb. 6, 2020, midnight
Les traces du mouvement « peyi lòk » restent toujours visibles aux Gonaïves, l’un des foyers de résistance anti Jovenel Moïse. De leur côté, les citoyens s’efforcent de rattraper les quatre mois de paralysie. Le calme est revenu. Toutefois, plusieurs rues donnant accès au fief des militants de Raboteau demeurent enclavées. Ces barricades qui seraient des remparts sont surveillées 24 heures sur 24, ce qui rendrait compliquée la tâche des forces de l’ordre. Au cœur de la cité de l’Indépendance, la rébellion est vivante. Un mois après la trêve, la circulation y demeure impraticable. Pour accéder aux banques commerciales, à certains bureaux privés et publics, il faut garer sa voiture à quelques mètres ou contourner plusieurs barricades. Ces dernières sont érigées au moyen de pierres et de poteaux métalliques géants. C’est le cas notamment des rues Égalité et Toussaint Louverture, deux voies importantes. Des protestataires ont fait savoir que ces obstacles sont un moyen de lutter contre « l’invasion des militants et policiers proches du pouvoir ». Ils n’ont pas caché leur volonté de se protéger. En dépit du soutien de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo), les Travaux publics ne sont pas en mesure de déblayer la voie publique. Des opposants armés s’y sont catégoriquement opposés. En décembre dernier, lors d’une tentative, des heurts étaient survenus entre la police et des rebelles. Au cours de ces échanges ayant duré plus d’une demi-heure, une personne a été tuée par balle et plusieurs autres blessées. Le 17 janvier dernier, suite aux rumeurs de nettoyage des rues, un vent de panique avait soufflé au centre-ville. Ces barricades seraient le symbole d’une autre forme de résistance contre le chef de l’État, Jovenel Moïse. « Dans l’objectif de permettre à la population de vaquer librement à ses activités, toutes les barricades seront enlevées sous peu », a rassuré le porte-parole de la police locale, l’inspecteur Max Saint-Preux. D’après l'inspecteur de police, des dispositions concertées ont été prises à cet effet. Saluant les efforts de ses frères d’armes, M. Saint-Preux en profite pour appeler à la collaboration des membres de la population. Sans ce soutien indispensable, a-t-il souligné, les résultats ne seront pas efficaces. Me Michelet Dorgilles, technicien en sécurité urbaine, a critiqué l’administration communale qui n’a rien fait pour faciliter le désenclavement du centre-ville. Ce dernier a indiqué que cette négligence constitue l’un des facteurs de propagation des actes de banditisme. Me Dorgilles a brandi les cas de braquage en série enregistrés dans ce périmètre. « De concert avec les autres instances concernées, il est du devoir de la mairie de planifier la sécurité de la commune », a-t-il soutenu. Le technicien invite les responsables à agir au plus vite afin d’endiguer le danger.