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Identification : 20 ans de révolution silencieuse signée ONI 

June 3, 2025, 9:40 p.m.

Vingt ans après sa création, l’Office National d’Identification n’est plus un simple organe technique. Il est devenu l’architecte silencieux de d’un État qui se veut moderne. En deux décennies, elle a redonné un nom aux oubliés, offert des droits aux exclus, réconcilié l’État avec ses administrés.Deux décennies pour redonner un nom à l’invisibleL’ONI a vu le jour dans l’urgence d’une réforme : celle d’un État qui reconnaissait, enfin, que des millions de ses citoyens vivaient sans preuve formelle d’existence. En 2005, les identités se dispersaient entre extraits des archives, certificats baptismaux et registres paroissiaux. La République administrait dans le brouillard.Vingt ans plus tard, ce brouillard s’est dissipé. Le Numéro d’Identification National Unique (NINU), la Carte d’Identification Nationale (CIN) biométrique, les bases de données infalsifiables ont remplacé les incertitudes. Plus de 6, 2 millions d’Haïtiens sont aujourd’hui identifiés. Pas moins de 150 bureaux d’enregistrement quadrillent le pays. Grâce à l’ONI, des citoyens longtemps exclus accèdent désormais aux services de base, au droit de vote, au marché du travail formel, à l’exercice de leur citoyenneté. Aujourd’hui, cette institution ne gère plus des fichiers : elle orchestre une citoyenneté. Elle ne distribue plus seulement des cartes : elle transmet une reconnaissance.Cette révolution fut silencieuse, mais déterminante. « L’identité n’est pas un luxe, c’est la clé d’accès à tous les autres droits », a rappelé Reynold Guerrier, Directeur Général de l’ONI, dans un discours empreint de solennité mais ancré dans la réalité.Une institution exemplaire sous la gouverne de Reynold GuerrierDepuis son arrivée à la tête de l’ONI, l’ingénieur Guerrier a conjugué rigueur administrative et audace technologique. Sous son impulsion, l’ONI s’est modernisé à un rythme soutenu : plateformes numériques comme DELIDOC (pour les pré-demandes et les rendez-vous) et ONI-Doléances (pour les réclamations en ligne), renforcement du système biométrique via un AFIS de dernière génération, interopérabilité des bases de données avec d’autres institutions de l’État.Ces avancées ne relèvent pas d’une esthétique technocratique. Elles traduisent une nouvelle philosophie du service public, fondée sur l’accessibilité, la transparence et la performance. Plus de 110 000 requêtes ont été traitées à travers les plateformes numériques. La carte d’identité est devenue plus qu’un document : elle est le pivot de la confiance entre l’État et le citoyen.Soucieux de ne pas faire de la technologie une fin en soi, l’administration Guerrier a aussi porté une attention particulière au facteur humain : ajustement salarial du personnel, formations continues, valorisation du travail dans les zones à risques.Une identité pour chaque vie, dès la naissanceL’ambition de l’ONI ne s’arrête pas à son passé glorieux. Elle se déploie désormais, selon le Directeur général, vers une vision audacieuse mais surtout inclusive. L’un des projets les plus emblématiques de cette nouvelle étape est l’identification biométrique des mineurs dès la naissance. « À partir de 5 ans, chaque enfant pourra recevoir une carte dotée d’un BioQR Code sécurisé, lui garantissant l’accès à l’école, aux soins et à ses droits fondamentaux ». Enfin, la CIN ne sera plus considérée a tort comme une carte électorale, mais éminemment citoyenne.Il s’agit d’un basculement symbolique : Haïti affirme que chaque enfant compte. Finis les enfants fantômes, sans traces ni preuves d’appartenance. L’État s’engage à reconnaître chaque vie, dès le premier souffle.Une citoyenneté numérique en devenirL’avenir de l’ONI se joue également sur le terrain du numérique. En collaboration avec la Banque de la République d’Haïti, l’institution prépare l’intégration du eKYC (electronic Know Your Customer), afin de permettre l’ouverture de comptes bancaires ou l’accès aux services publics via une vérification d’identité numérique instantanée.Au-delà, l’ONI s’apprête à lancer une identité numérique nationale : une authentification électronique unique pour chaque citoyen, permettant la signature numérique, les démarches administratives en ligne, et l’essor d’un écosystème de e-gouvernance.Loin d’être un projet utopique, Reynold Guerrier donne la garantie que l’infrastructure de celui-ci est en cours. « Le réel administratif est en train de basculer dans l’ère du clic », soutient-il. Le citoyen, hier contraint aux files d’attente et aux lenteurs bureaucratiques, s’émancipera demain à travers une identité fluide, dynamique, connectée.À l’heure des célébrations, l’image d’une petite fille recevant sa première carte d’identité dans une zone reculée, comme évoquée dans le discours du Directeur Général, résume à elle seule le sens de cette œuvre : donner à chaque Haïtien, dès l’enfance, les clefs de sa dignité et de son avenir.Vant Bef Info (VBI)