Le Nouvelliste
La «stratégie du président de court-circuiter les secteurs dans la formation du CEP» dénoncée
Aug. 27, 2020, midnight
Le secteur syndical n’a pas encore désigné son représentant au Conseil électoral provisoire. Le chef de cabinet du chef de l’Etat avait invité quatre organisations syndicales à désigner un représentant au Conseil électoral provisoire. Trois d’entre elles avaient déjà exprimé leur refus de donner suite à la requête du chef du cabinet du président de la République, rappelle Duclos Bénisoit, coordonnateur du Mouvement unifié des transports en Haïti (MUTH). Les syndicalistes avaient appelé le chef de l’État à trouver une entente avec les acteurs politiques. La lettre d’invitation a été adressée le 31 juillet 2020. Jusqu'à présent, les organisations syndicales ne se sont jamais réunies sur cette affaire, a fait savoir Duclos Bénisoit, soulignant qu’elles n’ont pas changé de position. « La question des élections concerne d’abord les partis politiques, et puisqu’on est dans une situation de fait, il faut un consensus », recommande le coordonnateur du MUTH, estimant que le président est en train d’agir sous la pression de la communauté internationale. Toutefois, il croit que les agissements du président Jovenel Moïse ne feront que diviser le pays davantage. « Le président n’a aucune autorité légale et constitutionnelle pour mettre sur pied un Conseil électoral provisoire de manière unilatérale. Tous les Conseils électoraux provisoires qu’on a mis sur pied jusqu'à présent ont été le fruit de consensus politique », signale Alermy Pierrevilus, secrétaire exécutif de la POHDH. Il dénonce le choix du chef de l’État d’agir en solo. La POHDH n’a pas été invitée à désigner de représentant pour le secteur des droits humains au Conseil électoral provisoire. Mais si tel était le cas, elle aurait répondu négativement, a fait savoir M. Pierrevilus. Citant notamment le problème de l’insécurité, Alermy Pierrvilus affirme que le contexte n’est pas favorable à l’organisation d’élections. La question de carte d’identification nationale unique constitue une autre pierre d’achoppement. « Le processus de fabrication et de distribution des cartes Dermalog est une démarche qui vise à permettre au pouvoir PHTK de se renouveler, croit le secrétaire exécutif de la POHDH. Il prévoit que les élections seront un simulacre. Le secrétaire exécutif de la POHDH ne veut cependant pas faire la leçon à aucune organisation qui souhaite entrer dans la démarche du chef de l’Etat. C’est à elles d’en juger, a-t-il déclaré. Le pasteur Maxo Joseph, responsable de l’organisation Vision pour Haïti et pour le monde (VIHAMO), critique le choix du chef de l'État de court-circuiter les organisations qui ont toujours été invitées à designer leur représentant au Conseil électoral provisoire. En agissant ainsi, le chef de l’Etat prouve qu'il veut en finir avec l'unité au sein non seulement du secteur protestant, mais aussi au sein de toutes les organisations de la societe civile, a-t-il dit, tout en lançant une mise en garde aux responsables du comité exécutif de la Force des églises évangéliques pour le développement social (FOEEDES) qui a été invitée par le chef de cabinet du président de la République à désigner le représentant du secteur protestant au Conseil électoral. Le pasteur Richard Thomas, le numéro 1 du FOEEDES, n'endossera pas une telle responsabilité, affirme Maxo Joseph, rappelant que la Fédération protestante d’Haïti est l’organe qui a toujours eu cette prérogative.