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Le Nouvelliste

Fini la transition, selon Jovenel Moïse, qui invite ses opposants à aller aux élections…

Jan. 27, 2020, midnight

Visiblement, les mouvements de protestation, le « peyi lòk », le confinement au palais national et au MUPANAH ne sont que des mauvais souvenirs pour le président de la République. Jovenel Moïse qui, il y a deux mois, était en grande difficulté, reprend de plus en plus confiance et tacle ses  opposants politiques. Selon le chef de l’État, tous les mauvais contrats ont été signés dans la transition. Il invite ses détracteurs à aller aux élections pour prendre le pouvoir. Encore une fois, il a réitéré sa volonté de changer la Constitution. Le deuxième numéro de son programme baptisé « Dyalòg kominotè» réalisé dans la commune de Kenscoff samedi dernier a été l’occasion pour le président de la République d’affirmer son autorité et de régler son compte à l’opposition qui exige sa démission et la formation d’un gouvernement de transition. « Beaucoup de gens dans le pays vivent de la transition », a lancé le chef de l’État devant un public pendu à ses lèvres.  Selon Jovenel Moïse, « tous les mauvais contrats ont été signés durant la transition. Mesye ki in love avèk tranzisyon yo, tranzisyon an fini. Je suis la dernière transition. Il n’y aura plus de transition, c’est fini…La transition a enterré le pays et a produit plus de misère tout en enrichissant un groupe », a dénoncé le président. Jovenel Moïse  invite ses opposants à faire campagne et à aller aux élections pour prendre le pouvoir désormais. Le locataire du Palais national en a profité pour faire savoir qu’il travaille pour faire aboutir la première phase du dialogue afin de doter le pays d’un gouvernement d’union nationale et l’adoption d’un accord politique devant aboutir à des réformes, dont des réformes constitutionnelles. Selon Jovenel Moïse, la Constitution rend le pays « ingouvernable ». « Aucun président ne peut diriger le pays avec cette Constitution », a fulminé le président. Il a fait savoir qu’à cause de la Constitution, il n’a pas de pouvoir pour concrétiser ses promesses de campagne… Le 13 janvier dernier, le président de la République avait dit constater la caducité du Parlement. Même s’il n’a pas encore pris de décret. Depuis cette date, Jovenel Moïse est le seul chef à la tête du pays sans le pouvoir de contrôle du Parlement contrairement aux prescrits de la Constitution.  Jovenel Moïse a annoncé qu’il prendrait des décrets pour les élections et pour  mettre en application l’ensemble des projets de loi qu’il avait envoyés au Parlement ces trois dernières années qui n’ont pas été votés par les parlementaires. Il a notamment cité l’accord-prêt des 150 millions de dollars avec Taïwan.   Ces déclarations du président de la République interviennent dans un contexte où la communauté internationale et des membres de la société civile multiplient des rencontres en vue de lancer un processus de dialogue entre le chef de l’État et l’opposition pour trouver une solution à la crise qui secoue le pays depuis des années. Une figure influente de la société civile a confié au Nouvelliste qu’il y a des difficultés pour former la commission qui devra travailler sur la rencontre entre le chef de l’État et les signataires de l’accord de Marriott. « À chaque avancée pour former cette structure, le président Jovenel Moïse fait une déclaration ou pose une action qui ralentit le processus. Tout est conditionné par son comportement. Mais l’idée est toujours là, on y travaille… », a fait savoir au journal cette source de la société civile sous le couvert de l’anonymat. Dans la même veine, plusieurs signataires de l’accord de Marriott contactés par Le Nouvelliste n’écartent pas la possibilité de dialoguer avec le chef de l’État pour trouver une solution à la crise. Si Jovenel Moïse annonce la fin de son mandat pour le 7 février 2022, il n’était pas en mesure cependant de donner de date pour l’organisation des prochaines élections devant permettre au pays de trouver ses institutions démocratiques comme le Parlement.