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Le Nouvelliste

Formation de gouvernement : les acteurs politiques étaient pourtant sur le point de trouver un accord quand le président Moïse a choisi unilatéralement un premier ministre, selon Rosny Desroches

March 9, 2020, midnight

Un accord politique allait être trouvé quand le président a fait le choix de Joseph Jouthe. C’est ce qu’a révélé Rosny Desroches, déçu de l’attitude du chef de l’État. « On était parvenu à un consensus relatif au mécanisme en vue de choisir le Premier ministre.  Les différentes composantes qui participaient aux négociations, a indiqué le secrétaire exécutif de l’ISC,  allaient proposer de manière consensuelle entre quatre et sept noms ayant un profil consensuel parmi lesquels devait être choisi le Premier ministre par le président de la République». L’accord devait arriver à terme entre mercredi et vendredi dernier, la même semaine au cours de laquelle le président a officialisé le choix qu’il a porté sur Joseph Jouthe, « sans dire clairement qu’il avait quitté la table des négociations sans tenir compte du consensus qui a été trouvé », déplore Rosny Desroches. Personne ne s’attendait à ce que le président désigne seul un Premier ministre. Rosny Desroches partage le sentiment des acteurs politiques qui ont pris part aux négociations qui s’estiment avoir été dupés et roulés dans la farine par le chef de l’État. «  Sans vouloir prêter des intentions à quiconque, je suis cependant convaincu que le président avait suffisamment d’opportunités et de possibilité de signer l’accord si vraiment il le voulait», affirme le dirigeant de l’ISC, qui croit que cet accord aurait été une très bonne chose pour le pays.  Rosny Desroches pense que la décision du chef de l’État d’avancer seul dans la formation du gouvernement va rendre plus difficile la possibilité de trouver un consensus qui est nécessaire pour la formation d’un Conseil électoral et l’organisation de prochaines élections. « L’un des enjeux des négociations, c’était non seulement de parvenir à la révision constitutionnelle, considérée par presque tous comme étant une nécessité, mais aussi l’organisation d’élections libres, honnêtes et inclusives qui ne soient pas contestées », souligne Rosny Desroches, estimant que « c’est dommage que le président ait agi de la sorte ». « Des élections sans la participation complète de toutes les sensibilités politiques risquent sûrement d’être contestées », prévient Rosny Desroches, qui craint que « cela ne nous entraîne dans une nouvelle crise ».   De nombreux représentants de la communauté internationale avaient pris part à la cérémonie d’investiture du Premier ministre Joseph Jouthe au palais national le jeudi 5 mars en cours, ce qui est vu comme un appui au nouveau gouvernement. « Les États-Unis sont prêts à travailler avec le nouveau gouvernement d’Haïti et son premier ministre… », a écrit l’ambassade des États-Unis dans une publication sur Twitter le jour même de l’investiture de Joseph Joseph. « Ils ont fait preuve d'un real politik. Ils le font pour éviter que la situation ne s'aggrave », soutient Rosny Desroches, soulignant cependant : « C’est toujours un appui conditionnel » que ces pays donnent aux gouvernants haïtiens.