Le Nouvelliste
Le ministère de l'Education nationale invite à la négociation, les syndicalistes d'enseignants déclinent
Sept. 11, 2020, midnight
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), dans une correspondance en date du jeudi 10 septembre, a invité certains responsables de syndicats d’enseignants à une rencontre le lundi 14 septembre 2020 à 11 heures a.m. à l'Inspection générale de l'Éducation. L’invitation a étée lancé aux coordonnateurs d’organisations syndicales dans « le cadre du processus du dialogue social » engagé par le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) autour des problèmes du secteur éducatif et dans le but d’arriver à un « consensus global pour la protection du droit à l'éducation » des élèves. De leur côté, six syndicats d’enseignants ont envoyé une lettre collective au ministre Pierre Josué Agénor Cadet pour lui signifier qu’ils ne prendront part à aucune rencontre de négociation. Ce refus est conditionné à des irritants majeurs à évacuer par la partie gouvernementale. Ils ont listé des irritants comme la convocation de Josué Mérilien, coordonnateur de l’Union des normaliens haïtiens (UNNOH) au parquet de Port-au-Prince afin de répondre aux accusations de trouble à l’ordre public, d’incitation à la violence, les transferts abusifs contre les dirigeants syndicaux, les violations graves de l'intégrité morale des enseignants en grève qualifiés de terroristes par le ministre Cadet, et violations graves de l'intégrité physique des étudiants. Les syndicats d'enseignants : UNNOH, CNEH, UNNOH, REEH, GIEL, LINEH restent sur la corde raide. Tout en se disant préoccupés par le sort des élèves et l’amélioration de la qualité de l’éducation dans le pays, ils exigent que ces irritants soient évacués afin « de créer un climat propice au dialogue et à la négociation ». Georges Wilbert Franck de l’UNNOEH, qui se dit être l'objet de persécution, a confié au Nouvelliste que le ministre Cadet a, à lui tout seul, miné le terrain de la négociation avec le transfert des leaders syndicaux et le fait d’avoir qualifié les enseignants de « terroristes », alors qu’ils revendiquent pour prélocations qui existent depuis le gouvernement de Jean-Henry Céant. Pour le syndicaliste, l’ultime sacrifice que demande le MENFP pour sauver l’année scolaire n’est pas de mise. « L’année académique était déjà bâclée ». Il souligne au passage que les syndicats avaient proposé au MENFP de se concentrer uniquement sur les classes d’examen et d’entamer la nouvelle avec le souci de combler les vides. « Le ministère ne doit pas utiliser les perturbations après la reprise des classes pour nous acculer. Nous espérons que le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour ouvrir rapidement les négociations. Car il est dans notre intérêt que ce problème soit résolu », s’est-il défendu. Les syndicats d'enseignants affirment opposer cette fin de non-recevoir à la demande de négociation du ministre de l’Éducation nationale parce que le processus a été mal initié. « Le ministre de l’Éducation nationale ne peut rien faire à lui tout seul. C’est une commission multisectorielle composée de représentants des ministères de l'Éducation nationale et des Finances, de la Primature, de la présidence et de l'OMRH qui doit se saisir de la question afin de se présenter à la table des négociations en vue d’aboutir à de résultats probant », a indiqué Georges Wilbert Franck. L’école est prise en otage par les syndicats Pour sa part, le MENFP s’en tient à son mantra qu’il est trop tard, à la fin d’une année fiscale d’apporter une quelconque satisfaction aux revendications des enseignants. De plus, pendant les quatre mois de l'opération «peyi lòk» et durant la période de pandémie de Covid-19, les enseignants avaient reçu leur salaire sans travailler. Pour cette reprise de deux mois uniquement, ils devraient être en mesure de faire un minimum de sacrifices pour permettre aux enfants de boucler l’année scolaire, avance le MENFP qui a évoqué également un problème d’« éthique » de la part des enseignants. S’il est vrai que la crise économique et sociale a provoqué une détérioration des conditions de vie, et qu’exiger une augmentation de salaire est légitime, il faut adresser le problème de manière responsable. Tout en évoquant le droit à l’éducation et le fait que l’école ne doit pas être l’otage de la politique, le MENFP plaide pour que les élèves soient placés au-dessus de la mêlée.