this used to be photo

Le Nouvelliste

Des membres du personnel de santé fuient l'hôpital Saint-Antoine de Jérémie

June 9, 2020, midnight

Les professionnels de santé sont en première ligne et jouent un rôle essentiel dans la gestion de la Covid-19. Comme dans beaucoup d'autres régions du pays, les personnels de santé de la ville de Jérémie ne sont pas exempts du danger de contamination par le virus. Et pour cause, ils sont dépourvus des équipements nécessaires de protection, dont masques, gants et autre matériel pouvant faire barrière au virus au cas où ils y seraient exposés. Ces professionnels de la santé disent attendre encore la distribution des équipements promis par le ministère de la Santé publique et de la Population à la Direction sanitaire du département. Dans l'intervalle, ils n'ont d'autre choix que de rester chez eux au lieu d'aller braver un ennemi d'ailleurs invisible, ont-ils souligné. Des médecins et infirmiers (ères) en colère Malgré la livraison de deux cargaisons de matériels médicaux par le MSPP à la Direction sanitaire de la Grand'Anse, la distribution des masques et des kits de protection tarde à se concrétiser à l'hôpital Saint-Antoine, un constat qui provoque la colère des médecins et infirmiers (ères) de l'hôpital de référence du département. « On n'a rien ici pour travailler en toute sécurité, on manque de tout. En pleine crise on ne peut se permettre d'aller sur les malades sans protection. On n’a pas de masques. On a ouï-dire que l'État a déjà livré des équipements aux responsables sanitaires, mais concrètement on dirait que nous, le personnel, nous sommes livrés à nous-mêmes dans cette lutte contre la Covid-19» , s’indigne une infirmière du service de la maternité. « C'est à nous de faire le nécessaire pour avoir un bon masque de protection, a poursuivi une autre. Un des types de masque recommandés pour les personnels médicaux, c'est la N95, et jusqu'à, maintenant nous utilisons des masques artisanaux pour nous rendre au chevet des malades. Il nous ont annoncé qu’on allait avoir des masques et on ne les a pas eus. Ce qu'on constate à l'hôpital Saint-Antoine de Jérémie, même dans cette crise, ils ont en fait des privilégiés, il y a ceux qui portent des équipements conformes au protocole, qui portent de très bons masques de protection, et, d'un autre côté, il y a ceux qui ne sont pas en mesure de se procurer ces équipements de protection. Face à cette situation, nous sommes bien obligés de rester chez nous. « C'est très pénible et très frustrant », fustige une infirmière au service de la pédiatrie. La DSGA fait le point Interrogée, la direction sanitaire a confirmé que "les masques N95 ont été réservés exclusivement aux personnels soignants qui vont être au chevet des malades de covid-19.  La direction admet toutefois qu'une confusion est à l'origine de ce problème, concernant les employés de l'hôpital Saint-Antoine qui ont peur d'aller travailler. Les responsables demandent à ces derniers de s'armer de patience. Une fois la salle de triage terminée, elle est d'ailleurs en cours et presque achevée, d'ici là on saura qui est infecté ou pas. "Et même si un malade n'est pas porteur du virus, a précisé la DSGA,  il portera quand même un masque de protection afin de procéder aux autres services du centre." Contacté par le journal, le directeur du centre hospitalier, Dr Azor Pierre Robert, a jugé bon d'apporter son soutien à ses employés et dit comprendre leurs inquiétudes. Allant dans le même sens que la DSGA, le médecin requiert lui aussi la patience des personnels jusqu'à l'achèvement de la salle de triage. "D'ici la semaine prochaine, tout rentrera dans l'ordre ; une équipe est déjà sur place pour combler les heures vides des employés qui n'ont pas encore regagné leurs services respectifs", a-t-il ajouté. Angoisses ou prévention des cliniques privées ? C'est sur Facebook et\ WhatsApp qu'un médecin bien connu de la ville a fait l'annonce de la fermeture de sa clinique. Faute d'équipements, a précisé le praticien, et aussi par crainte d'exposer ses douze employés et les éventuels patients, il a été contraint de fermer provisoirement sa clinique. « Mes employés sont très compétents dans la prise en charge des patients, mais sans les tenues adaptées et sans tests disponibles, ils ne se sentent pas en sécurité », a confié le docteur Willy Lafortune au journal. Selon le médecin, « des patients continuent de mentir lorsqu'ils ressentent les symptômes de la maladie. Un comportement potentiellement risqué  pour nos personnels et moi-même. Quand vous dites à un patient d'aller se faire tester, il prend ça mal », relève le Dr Lafortune.  Le département de la Grand'Anse compte, selon le dernier bulletin du MSPP, 48personnes testées positives pour trois décès.