Le Nouvelliste
La façon dont les autorités ont géré le dossier des policiers est critiquée par des citoyens
March 11, 2020, midnight
Des citoyens de la capitale haïtienne déplorent la façon dont les autorités ont géré le dossier relatif aux revendications des policiers. Le Premier ministre haïtien, Joseph Jouthe, a enfin reconnu le droit des policiers de former un syndicat au sein de l’institution. En effet, le chef du gouvernement a pris un arrêté amendant l’article 11 de l’arrêté d’août 2013 qui interdisait aux fonctionnaires de police de s’associer pour défendre leurs droits. À l’issue d’une rencontre spéciale tenue mardi soir, le CSPN a demandé de revoir les dossiers des policiers révoqués. Ces décisions considérées comme une capitulation du côté des autorités qui étaient jusqu’ici sur la corde raide et dans la provocation arrivent après plusieurs mouvements de manifestations violentes tenues dans la capitale haïtienne à l’initiative des policiers et des individus revendiquant le statut de policiers réunis dans une structure dénommée Fantôme 509. « C’est ce qui arrive quand on place des dirigeants incompétents à la tête des institutions », crache un auditeur qui intervenait en direct sur Magik 9 mercredi matin. Cet auditeur qui dit avoir été au courant d’une manifestation de policiers condamne les autorités qui ont laissé pourrir la situation avant de prendre une décision. « Je ne sais pas contre qui je peux déposer une plainte pour les torts dont j’ai été victime », se plaint-il. Ce dernier appelle à la démission des membres du haut commandement de la police nationale qui, selon lui, vont avoir de grandes difficultés à imposer leur autorité sur les policiers. Les policiers montrent la voie à suivre par les employés de la fonction qui rêvent de meilleurs traitements. « Les employés de l’administration publique doivent procéder de la même manière que les policiers. Ils doivent se lever pour exiger un ajustement salarial », recommande un deuxième citoyen. « La population qui n’a pas accès aux besoins fondamentaux a des revendications qui sont justes. Elle doit endosser ses responsabilités à l'instar des policiers pour forcer les autorités à satisfaire ces revendications », conseille un autre. « Tout le monde a le droit de faire la grève mais quand on fait partie d’un corps armé on ne peut pas faire la grève de n’importe quelle manière ». Pour ce citoyen, ce que font actuellement les policiers ne rentre pas dans le cadre de leurs attributions qui est de protéger et servir. « Ils violent les droits des Haïtiens en tirant sur le local de la direction générale de la police nationale, en prenant des gens en otage. Cela ne fait pas du tout honneur à la police. Tout le monde a droit à des revendications, mais cela ne peut pas se faire de n’importe quelle manière », souligne-t-il. Il condamne les propos du Protecteur du citoyen qui, sur les ondes de radio Magik9, avait laissé entendre que des gens mus par des objectifs inavouables et inavoués ont infiltré le mouvement des policiers. Les membres du groupe Fantôme 509 ont forcé les employés de plusieurs institutions publiques à vider les lieux. Ces derniers ont saccagé le ministère de la Justice et de la Sécurité publique, cassé les vitres et crevé les pneus de plusieurs véhicules. Ils ont aussi tiré sur ces véhicules et agressé plusieurs citoyens. « Ce sont des actes inacceptables », a condamné le Protecteur du citoyen. Cependant a-t-il poursuivi, il faut comprendre qu’à chaque situation de crise, il y ait toujours des gens qui tentent d’en profiter à des fins inavouables et inavouées. Cette situation est due, selon lui, à l’attitude de l’État qui ne s’est jamais donné une politique préventive. Renan Hédouville pense que si le haut commandement de la PNH avait accepté de s’asseoir avec les policiers protestataires, on n'en serait pas arrivé là. « Il y a eu légèreté et maladresse de la part des autorités », affirme Renan Hédouville.