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Politique : Risque d’autres émeutes en Haïti, en cas d’aggravation des inégalités sociales, avertit Kesner Pharel
Aug. 17, 2018, midnight
P-au-P, 17 août 2018 [AlterPresse] --- Tant que les inégalités sociales s’approfondissent, des émeutes comme celles des vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juillet 2018 risquent de se reproduire dans le pays, met en garde l’économiste Kesner Pharel, Président-directeur général (Pdg) du Group Croissance.Pharel, qui s’exprimait à l’émission , sur , recommande une redistribution équitable des richesses, de manière à éviter de tels événements violents, occasionnés par une tentative gouvernementale, dans l’après-midi du vendredi 6 juillet 2018, d’augmentation exorbitante des prix des produits pétroliers sur le marché national.Jean Henry Céant a été désigné, le 6 août 2018, comme premier ministre pour remplacer le docteur Jack Guy Lafontant, qui a été contraint de remettre sa démission, le samedi 14 juillet 2018, suite aux dernières émeutes.Le Pdg du Group Croissance déplore une concentration du budget national dans le département de l’Ouest, où se trouve la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, au détriment des zones les plus pauvres du pays.Ce choix politique, qui serait à la base de mouvements migratoires, produit aussi des émeutes urbaines, avance-t-il.La vie chère dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince avait provoqué, en avril 2008, des émeutes en Haïti.Le premier ministre Jacques Édouard Alexis et son gouvernement ont dû plier bagages, suite à ces événements d’avril 2008.Pour calmer la colère de la population, une baisse du prix du riz a été observée sous l’administration politique du président de la république d’alors, René Préval.« Non seulement nous sommes pauvres, mais nous avons des inégalités dans la séparation de la pauvreté », souligne Pharel, tout en appelant à des investissements efficaces et efficients.L’économiste appelle à réduire les écarts trop importants entre riches et pauvres.Les élites, trop divergentes, veillent à leurs intérêts personnels au lieu de ceux de la population, critique-t-il.20% des personnes les plus riches en Haïti contrôlent les 64 % des richesses du pays, alors que les 20% des personnes les plus pauvres ont seulement 1% des richesses, relève Pharel, se référant à une évaluation des objectifs du millénaire, effectuée en 2012, par la Banque mondiale (Bm).Le département du Nord-Est a le taux le plus élevé de personnes en situation d’extrême pauvreté, d’après un classement de l’étude de la Bm, en rapport aux départements les plus pauvres.Sur chaque 100 personnes, 44 se trouvent en situation d’extrême pauvreté dans ce département, suivi de la Grande Anse (43), du Nord (36) et du Plateau central (30).Par ailleurs, 80 milliards de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 70.00 gourdes ; 1 euro = 85.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui) ont été consentis pour les dépenses de fonctionnement au niveau du département de l’Ouest, alors que seulement 5 milliards de gourdes ont été attribués aux autres départements géographiques.Sur 54 milliards de gourdes, 34 milliards - dont 14 milliards pour le département de l’Ouest -sont utilisés pour des investissements nationaux, poursuit Pharel. [emb rc apr 17/08/2018 15:20]