Le Nouvelliste
Jacques Jean-Pierre, un Jacmélien au superlatif
March 13, 2020, midnight
Le vent fait valser douloureusement les banderoles sur l'avenue Baranquilla, à travers la ville de Jacmel et ses environs . Nous ne sommes plus en période carnavalesque : une ville pleure, une ville porte sa peine en écharpe, une ville conjugue la tristesse à tous les temps, une ville affiche sa douleur car un homme, qui semble être toute la quintessence, toute la bonté du genre humain, a fait le grand voyage : Jacques Jean Pierre. Cet ingénieur en électronique formé à la Martinique, ce journaliste, ce philanthrope, ce footballeur talentueux est né le 13 août 1963 et a définitivement cessé de respirer l'air de sa ville le dernier jour du carnaval 2020, le 25 février dernier. C'est un ami que nous n'avions jamais eu la chance et le bonheur de rencontrer à la différence de cet autre mapou disparu lui aussi et qui répondait au nom de Michelet Divers que nous avions régulièrement fréquenté. Chose drôle, au moment où nous écrivons ces lignes au bord de la mer à La Saline, nous ne savons toujours pas à qui il ressemble. Pourtant comme un petit être têtu, nous persistons à dire et à croire qu'il s'agit d'un ami . Comment ne pas se sentir proche de cet homme dont le nom est sur toutes les lèvres dans une ville qui semble ne connaitre que le superlatif pour parler de Jacques Jean Pierre à chaque coin de rue. On n'a qu'à lever les yeux vers le ciel pour faire le constat, à travers les innombrables banderoles, des nombreux témoignages d'éloges, de reconnaissance, de souvenirs, de grandeur d'âme , de magnanimité, d'amitié, de générosité à l'endroit de Jacques Jean-Pierre qui faisait souvent office de grand conseiller dans toute la région. Sa réputation dépassait son entourage immédiat puisqu'en plus du Sud-Est, Jacques Jean-Pierre a procédé à l'installation de plusieurs émetteurs pour des médias dans d'autres régions du pays avec assez souvent un élan de générosité. Le pays a donc perdu un homme faisant partie d'une rare race d'homme. C'est sans doute ce qu'a compris l'un des amis de Jacques lorsqu'il lui refuse le nom de Jacques Jean Pierre pour nous proposer une permutation . Alors là il nous dit que «c'est un héros de la ville et du Sud-Est qui a fait le grand voyage. Je le nomme donc JEAN- JACQUES. Et SVP en majuscule dans votre texte monsieur.» Au moment où nous apprécions la référence de cette permutation, on nous désigne son ami de toujours : Edvard Andriss (Sasson). Notre ami Jean Jeudi nous le propose car, dit-il, il s'agit de l'homme idéal pour parler de Jacques. Alors nous nous approchons de lui avec en tête de trouver le pourquoi de l'unanimité charriée par son bon ami Jacques Jean-Pierre. Toutefois ce sont des pleurs qui nous accueillent pour nous entendre dire par une voix sanglotante baignée d'une profonde tristesse : «Je ne peux pas, je ne peux pas , je ne ...» Et puisque plus rien n'est vraiment audible, notre ami/introducteur, grand défenseur des droits humains dans tout le Sud-Est, Jean Jeudi nous invite à ne pas insister. Alors là, réduit à notre plus simple expression , envahi à notre tour par une douleur indescriptible : nous abandonnons péniblement l'espace avec le résonnement de la voix de Maurice Sixto lorsqu'il a cité l'écrivain britannique John Donne pour nous dire que «La mort de tout homme me diminue.» Au revoir donc à JACQUES JEAN-PIERRE, P.D.G de Radio Télé Express, professeur de chimie et de physique, ce CHER AMI que je n'ai jamais connu. Les funérailles de JACQUES JEAN PIERRE auront lieu le samedi 14 mars 2020 ANTONIO BRUNO, 13 mars 2020 .