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Le Nouvelliste

Le BINUH appelle tous les acteurs de la chaîne pénale à travailler ensemble afin de réduire la détention préventive prolongée en Haïti

Jan. 27, 2021, midnight

Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) constate, non sans préoccupations, qu’Haïti est dans le top 10 des pays au monde les plus affectés par la détention préventive prolongée. Le taux de détention préventive dans les prisons haïtiennes est en effet estimé à pas moins de 80% de la population carcérale à la fin 2020. En ce sens, pour enfin aboutir à des résultats significatifs, « le BINUH appelle tous les acteurs de la chaîne pénale, en concertation avec le MJSP et le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, à se mobiliser et à travailler ensemble, dans le respect de leurs mandats et attributions respectifs, afin de réduire drastiquement la détention préventive prolongée dans les prisons haïtiennes ». Le BINUH promet en effet qu’il continuera à appuyer les efforts entrepris pour combattre ce fléau dans le pays. Dans sa tribune publiée le mardi 26 janvier 2021, le BINUH attire l’attention sur le fait que les personnes en détention préventive prolongée sont souvent incarcérées pendant plus d’une dizaine d’années, dans des conditions de détention qui portent atteinte à la dignité humaine. « Ces conditions sont tellement inacceptables qu’elles représentent une violation de l’interdiction des traitements cruels, inhumains et dégradants. Personne ne souhaiterait qu’un de ses proches se trouve dans une telle situation », écrit le BINUH dans sa tribune. En outre, la détention préventive prolongée impacte directement la surpopulation carcérale dont le taux s’élève à 316% dans les prisons haïtiennes pour ce mois de janvier. Le BINUH pense qu’ « il est donc d’autant plus urgent de mobiliser une forte volonté politique ainsi que les efforts des institutions étatiques et des acteurs judiciaires pour réduire la détention préventive en régularisant la situation des prévenus et en libérant ceux incarcérés au-delà des délais prescrits par la loi ». Le BINUH rappelle avoir soutenu conjointement avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’USAID, le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) l’organisation d’un atelier, mi-janvier, sur ce phénomène.  « Ce forum a permis aux acteurs de la chaîne pénale de s’approprier le plan proposé par le ministère et de convenir d’une feuille de route comprenant une série d'actions concrètes visant à limiter le flux entrant de personnes placées en détention préventive et redynamiser l’appareil judiciaire », rappelle le BINUH dans sa tribune. « Parmi les considérations urgentes identifiées comme essentielles, les alternatives à la détention, l’augmentation du nombre d’audiences, la lutte contre la corruption du secteur judiciaire, l’intégration d’une approche de genre, et l'amélioration de l’accès à la justice des mineurs ont été relevées. Aussi, pour améliorer la performance des commissaires du gouvernement et des juges, les capacités de contrôle des inspections générales du pouvoir judiciaire et du MJSP doivent être renforcées », écrit le BINUH ajoutant qu’une inspection accrue devrait améliorer l’engagement, le professionnalisme et l’éthique des acteurs judiciaires et les inciter à accélérer le traitement des dossiers judiciaires.