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Le Nouvelliste

PNH/Crise: Jovenel Moïse tente de désamorcer la bombe

Feb. 20, 2020, midnight

Le président Jovenel Moïse a appelé à un compromis pour résoudre la crise qui secoue l’institution policière. Alors que des policiers réclamant la reconnaissance d’un syndicat au sein de l’institution ont encore manifesté hier mercredi pour obtenir gain de cause, le locataire du Palais national affirme identifier un problème de communication entre la base et la hiérarchie. « La communication doit prendre sa place au sein de l’institution. C’est une exigence et c’est ce qui va être fait. Il faut faire des compromis. Les protagonistes doivent cesser de tirer les ficelles. La police doit être unie dans la sérénité », exhorte le chef de l'Etat.  Cette déclaration de Jovenel Moïse survient dans un contexte où des policiers manifestent, généralement de manière violente, pour exiger la reconnaissance d’un syndicat créé au sein de l’institution. La veille, plusieurs centaines de personnes, dont des policiers, des motards, des hommes armés et encagoulés, ont manifesté dans les rues de Delmas, de Port-au-Prince et à la lisière de Pétion-Ville. Les manifestants ont tiré en l’air sur leur parcours, saisi les clés de voitures privées pour en faire des barrages, endommagé des véhicules immatriculés Service de l’État, incendié des voitures et des chars carnavalesques garés au stade Sylvio Cator, vingt-quatre heures après les déclarations et décisions du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), présidé par le Premier ministre Jean Michel Lapin, contre certains policiers. 5 policiers ont été révoqués pour comportement irrévérencieux, comportement séditieux et destruction de biens publics.  Sans se prononcer sur la demande de syndicat des agents des forces  de l'ordre ou encore la décision de la direction générale de renvoyer les rebelles, Jovenel Moïse a dit attendre les recommandations de la cellule de crise créée au sein de l’institution. « Je donne un délai de 24 heures à la cellule pour qu’elle me donne une liste bien établie sur ce qui doit être fait, sur ce que l’État doit faire. Il y a des problèmes dont je suis déjà au courant. S’il y a des problèmes, il faut qu’il y ait des solutions », a-t-il fait savoir.  Le chef de l’État s’est montré incrédule quand aux actes posés par les policiers protestataires. « J’ai vu commencer un mouvement au sein de la PNH. Ce qui s’est passé les 17 et 19 février, je ne veux pas croire que c’était l’œuvre des policiers. Je ne veux pas le croire », a-t-il lâché. Jamais avare de promesses, le président Moïse a assuré aux policiers qu’ils sont dans le plan de l’exécutif. « Quand ces problèmes surviennent, les autorités doivent se mettre à l’écoute pour apporter des solutions. Nous avons travaillé durant un an avec l’ONA pour implanter le programme de crédit ONA-Policier. Pour les policiers qui le souhaitent, l’État leur versera 6% de leur salaire et eux paieront aussi 6%. Ce qui leur permettra d’obtenir des crédits à un taux préférentiel. Nous sommes également à la phase finale du projet de construction de 600 appartements, par l’EPPLS, pour les policiers. Les bâtiments seront construits sur un terrain à Delmas 33. Les policiers pourront contracter un prêt à l’ONA dans une enveloppe de 2 milliards de gourdes issues des placements de l’ONA. Le taux sera très avantageux pour les policiers. Chaque maison coûtera environ 2 millions de gourdes », a détaillé Jovenel Moïse. Le président de la République a fait ces déclarations en marge du lancement de la deuxième année du programme Kredi Atè Plat. Cette deuxième cohorte compte 3 000 bénéficiaires issus des différents quartiers de la région métropolitaine. L’exécutif présente ce programme comme une "volonté de démocratiser le crédit en Haïti". Selon Enold Joseph, ministre a.i du Commerce, les participants pourront obtenir des prêts entre 15 000 à 50 000 gourdes. Après trois mois de grâce, les participants s'acquitteront de leurs dettes à un taux de 1%.