Le Nouvelliste
Centres GHESKIO : 50% des patients et 20% du personnel sont en difficulté
Oct. 28, 2019, midnight
Les jours se suivent et l'étau se resserre autour des principales structures sanitaires du pays. Dans une entrevue accordée au Nouvelliste, le Dr William Pape dénombre 50 % des patients et 20 % du personnel travaillant aux centres GHESKIO qui sont obligés de rester chez eux.Dans les différents programmes des centres GHESKIO, notamment celui de la prise en charge des patients vivants avec le VIH-SIDA, les professionnels ont élaboré un plan de traitement qui passe par la distribution des médicaments, "le counseling" et les contrôles réguliers des patients enrôlés.Pour s'assurer de la régularité du programme, les responsables ont mis sur pied un plan de contingence pour les médicaments, les carburants et autres substances indispensables au bon fonctionnement des services. Après environ 5 semaines de "peyi lòk", le Dr William Pape n'est pas sûr que le plan de contingence va se tenir si la situation persiste. "Nos plans de contingence ont été élaborés pour des difficultés de courte durée, soit 2 à 3 jours. La persistance de la situation n'a fait que compliquer notre situation par rapport à la disponibilité du carburant, la préparation et la distribution de la nourriture pour les patients, etc.", a fait savoir le directeur des Centres GHESKIO.Si les centres GHESKIO sont arrivés à mettre en place de nouveaux mécanismes permettant d'acheminer des médicaments vers les patients qui ne peuvent pas se déplacer, la réalité tend à devenir de plus en plus intenable pour les autres aspects du programme. "Depuis plusieurs jours, certains patients ne sont plus contrôlés. Le contrôle est ce qui nous permet de prendre connaissance de l'évolution du patient et d'agir en conséquence. Sans le contrôle des patients, nous n'avons aucune idée de leur charge virale et donc de leur capacité à transmettre le virus", se désole Dr Pape.Force est de constater aussi que depuis ces 5 semaines, beaucoup de personnes qui en ont besoin ne sont pas enrôlées dans un programme de prise en charge du VIH-SIDA. La réalité est valable aussi bien pour les centres GHESKIO, le Sanatorium et l'Hôpital de l'université d'État d'Haïti.L'un des facteurs qui avaient permis la réduction de la transmission du VIH-SIDA et la mortalité liée aux VIH-SIDA était la disponibilité des services. Dans le doute, tout un chacun pouvait se rendre dans un centre, se faire dépister et prendre des médicaments à visée prophylactique. Avec la situation de "peyi lòk", les routes sont bloquées, les hôpitaux fonctionnent avec un effectif réduit, les gens vivent avec la peur au ventre, il est donc à crainde que les efforts consentis par des acteurs nationaux et internationaux s'écoulent, en seulement quelques semaines, comme un château de cartes.Selon le Dr William Pape, "le fonds mondial et la PEPFAR ont fait le nécessaire pour que les médicaments soient disponibles en quantité, il n' y aucun risque immédiat de rupture de stock".Cependant, au-delà disponibilité des médicaments, tous les acteurs doivent faire un minimum d'effort pour que la distribution soit assurée et les patients contrôlés régulièrement au risque de voir le pays plonger dans une crise sanitaire sans précédent.Claudy Junior Pierrepclaudyjunior@yahoo.fr