Le Nouvelliste
Le centre sportif de Carrefour en état de délabrement avancé
Oct. 12, 2020, midnight
De l’un des plus beaux parcs sportifs de la Caraïbe vers les années 80 à l’une des installations sportives en état de délabrement avancé du pays, le parc Edouard Baker; communément appelé Centre sportif de Carrefour, est en décrépitude. Sa transformation depuis avril dernier en site Covid-19, (celui-ci n’est jamais ouvert aux patients)- a fragilisé davantage sa situation. Interpellés, des jeunes Carrefourois et des usagers du parc appellent à une intervention des instances concernées. 7 heures 25. Mercredi 12 août. Ils ne sont pas nombreux sur la piste d’athlétisme. Moins d’une dizaine de jeunes athlètes en herbe perfectionnent leur point de vitesse. La dégradation du tartan de la piste les oblige à être vigilants. L’état de dégradation du revêtement de la piste d’athlétisme est tel qu’il peut provoquer un grave accident. Rénové en 2013 pour une coquette somme de 200 000 dollars américains, la piste n’a jamais bénéficié de travaux de maintenance », raconte un employé qui s’est confié au journal sous le couvert de l’anonymat. Rappelant que les centres sportifs sont sous la tutelle du ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC), il ajoute que les ministres des Sports se succèdent, les directeurs du centre également… mais rien ne change. Si la piste d’athlétisme est malgré tout praticable, le terrain de football, quant à lui, est inopérant. Depuis avril dernier, y sont installés cinq hangars servant d’unités de prise en charge de coronavirus. Au total, 11 hangars sont éparpillés un peu partout dans l’enceinte de ce qui est le plus grand parc sportif du pays. Ce site de coronavirus n’a jamais été ouvert aux patients. « C’est une structure qui a été mise en place au cas où. Il a fait partie de l’arsenal mis en place afin de faire face à une catastrophe sanitaire. Quand on va au combat, il est préférable d'être armé jusqu’aux dents », a souligné au journal, le directeur général du ministère de la Santé publique et de la Population, le Dr Lauré Adrien. Le co-président de la Commission multisectorielle de gestion de la pandémie de la Covid-19 a rappelé que les modélisations qui ont été faites pour Haïti avaient prévu des dizaines de milliers de cas qui nécessiteraient d’être hospitalisés. « Selon la stratégie qui a été développée, on a convenu de mettre un grand centre dans l'entrée sud du pays pouvant absorber le nombre de malades potentiels dans cette zone ainsi qu'un autre grand centre dans la sortie nord du pays », a renchéri le DG du MSPP, évoquant le problème d’accès routier pour justifier les retards cumulés dans la construction du site de Covid-19 de Carrefour. C’est l’une des raisons pour lesquelles les travaux n’ont jamais abouti. L’évolution de la maladie, qui a montré dès la fin du mois de juin une courbe descendante, est aussi à la base du peu d’intérêt affiché par les autorités pour achever les travaux. D’autant plus que ceux qui sont construits ne sont jamais arrivés à 40% de leur capacité d’accueil. Disposant d’au moins quatre terrains de basket-ball, de trois terrains de volley-ball, d’un gymnasium de près de 2 500 places, des terrains de tennis et d’une piscine olympique, entre autres, le parc Edouard Baker fait partie des plus grandes structures sportives du pays. Jude Edmé, un jeune qui dénonce l'état de délabrement de l'espace dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, parle de 600 à 800 enfants et jeunes qui y pratiquaient un sport sans compter les compétitions qu'il accueille. « Le centre est devenu une porcherie », dénonce-t-il, faisant référence aux piles d’immondices qui jonchent le sol et les animaux remarqués dans son enceinte. En pleine décrépitude, le centre sportif de Carrefour nécessite un vrai réaménagement s'il veut retrouver sa valeur d’antan.