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Le Nouvelliste

Jovenel Moïse clame son indépendance vis-à-vis de ceux qui ont financé sa campagne électorale

Sept. 7, 2020, midnight

Jovenel Moïse n’a rien abandonné de sa rhétorique. Il continue de dénoncer ceux qui, pour exploiter l’Etat, s’opposent à ses projets. Il continue de s’accrocher à sa promesse d’électrifier tout le pays avant son départ. Le chef de l’État, alors qu’il participait au lancement des travaux pour le projet de renforcement des réseaux électriques en Haïti, a renoué avec ses éléments de langage.  Il a avancé avoir fait face à des hostilités depuis les élections de 2015 pour avoir abordé la nébuleuse de l’énergie électrique. « J’ai signé mon arrêt de mort quand j’ai parlé du dossier de l’énergie électrique lors de ma campagne électorale. À cause de cela, j’ai effectué la plus longue campagne de l’histoire du pays, 22 mois. J’ai été élu président depuis octobre 2015. Je ne pouvais pas accéder au Palais national parce que j’avais refusé certaines combines. Il y a des combines que je n’accepterai jamais », a-t-il fait savoir.  Jovenel Moïse souligne qu’il est toujours confronté à des difficultés pour matérialiser sa promesse sur l’électricité. Il a encore réitéré sa menace de mettre de côté ceux qui s’opposent à ce projet. « J’étais parmi les sceptiques. Je ne pensais pas que le projet d’électrification du pays allait débuter durant ma présidence. Mais je n’étais pas dans l’autre catégorie : ceux qui ont cru possible le projet mais qui ont utilisé tous les moyens pour l’empêcher. Ils ont utilisé tous les subterfuges: peyi lòk, traiter le président de menteur, le débat sur le code pénal, la question de la fin du mandat présidentiel en 2021, l'insécurité, etc. C’est à eux que je m’adresse aujourd’hui. Vous êtes haïtiens. Quelle que soit l’époque où vous êtes arrivés en Haïti, vous ne pouvez pas vous opposer au développement du pays », a lâché le président.  Jovenel Moïse, dans un registre plus imagé, compare sa volonté d’électrifier le pays 24 sur 24 à un docteur qui doit décider de sauver une mère et son enfant par une césarienne. « Il faut que cela cesse. Il faut cesser de diaboliser, d’assassiner ou d’exiler les présidents qui veulent servir la majorité. C’est cela que je répète. Le bébé naîtra. Quitte à réaliser une césarienne. J’ai le bistouri en main. Je vais sauver et la mère et l’enfant. C’est ce qui va se faire dans le dossier de l’énergie. Et je vais le faire. Si quelqu’un s’y oppose, il doit se mettre à l’écart, il fera face à la justice. Aujourd’hui, nous voulons l’entente entre les riches et les pauvres, les citadins et les campagnards, les Noirs et les mulâtres. On ne peut plus diviser pour régner. Ceux qui s’opposent à cette entente doivent également se mettre à côté », a-t-il menacé. Jovenel Moïse, qui a reçu beaucoup de support du secteur privé, veut désormais clamer son indépendance. « C’en est assez ! L’État est transformé en vache à lait. Ils financent les candidats pour en faire par la suite des chefs de doublure. Si vous m’avez financé, aujourd’hui je vous demande de couper la main qui m’a donné l’argent. Parce que la politique qui doit être appliquée dans le pays doit être celle du peuple, celle des démunis », a-t-il asséné.  Dans la foulée, Jovenel Moïse a annoncé que son Conseil électoral est quasi prêt pour organiser les prochaines élections. « L’État a tous les moyens. Pourtant, lors des élections, chaque groupe économique supporte un candidat. C’est pour cela que j’ai demandé au Premier ministre de mettre des fonds disponibles pour financer les partis politiques qui prendront part aux prochaines élections. (...) Le Conseil électoral est presque prêt, pour ne pas dire prêt », a-t-il affirmé.  Le président martèle qu’il quittera le pouvoir le 7 février 2022. « Je ne savais pas que j’avais signé des décrets et des arrêtés en 2016. J’ai lu des articles signés de grands intellectuels qui affirment que constitutionnellement parlant, techniquement parlant, (mon mandat prend fin le 7 février 2021). Moi je vous dis que « peuplement » parlant mon mandat se termine le 7 février 2022 », a-t-il ironisé.