Le Nouvelliste
La FENAMH appelle au « dialogue sans préalable »
Nov. 8, 2019, midnight
À l’heure actuelle, certains maires ont ouvertement pris position en faveur d’un départ sans conditions du président Jovenel Moïse. D’autres ne se sont pas prononcés. Mais ils donnent écho à la voix du président de leur fédération pour appeler à prioriser le dialogue qui doit mener à un accord politique sans tabou. « Pour moi, ceux qui demandent le départ du président sans conditions portent politiquement la parole de l'opposition; ceux qui demandent sans conditions l'achèvement du mandat de cinq ans du président portent aussi politiquement la parole du pouvoir; mais ceux qui demandent un accord politique portent la parole de la nation au nom de la paix sociale et de la stabilité politique, car il tiendra compte à la fois de la position de l'opposition et du pouvoir, mais aussi de celle de la société civile », a écrit Jude Édouard Pierre.Mettant en avant l’incendie des locaux des mairies de Léogâne, de Gressier, de St-Marc, de Mirebalais, le président de la FENAMH estime que le payi a déjà payé un lourd tribut considérant l’étendue des dégâts enregistrés durant le mouvement « peyi lòk ». « Le bilan est déjà trop lourd. Plusieurs dizaines de morts (manifestants, policiers, journalistes, victimes collatérales…), de blessés, d’estropiés, l’effondrement de l’économie nationale, la multiplication des gangs armés, la fermeture des écoles, des bâtiments publics et entreprises privées partis en fumée, la multiplication des cas de viol, de vol et de pillage, la fermeture des entreprises qui provoque une augmentation du chômage ; c’est trop pour Haïti », continue-t-il dans sa lettre.Même s’il est difficile de fédérer les maires autour d’une position commune, Jude Édouard Pierre estime qu’il parle au nom de la majorité quand il demande un dialogue sans tabou entre les protagonistes. « La flexibilité dans une position politique n’entraîne pas un manque de conviction, c’est un acte de grandeur. Face aux milliers de nos concitoyens qui ont faim et soif dans nos communes et sections communales et nos hôpitaux dépourvus de tout, se transformant en cimetières potentiels pour des cas de césarienne, de diabète et malades en situation de dialyse […], il n’y aura pas de salut personnel pour aucun d'entre nous. Le spectre d'un naufrage collectif nous oblige à nous armer de courage pour sauver Haïti », peut-on lire dans cette lettre.Par ailleurs, le maire de Carrefour reconnaît que l'opinion publique [...] aujourd'hui juge les maires en fonction de leur bilan très maigre. Pour leur défense, il affirme que les maires sont aussi des victimes du système. Car il n’y a aucun chapitre dans le budget national pour les collectivités territoriales et aucun texte de loi adopté pendant toute une législature en faveur de la décentralisation. « Nous devons aider le peuple à changer ce système générateur d'inégalités, de frustrations. Oui, ensemble nous le pouvons par la concertation, le dialogue et la solidarité », a indiqué dans sa correspondance Jude Édouard Pierre.