Le Nouvelliste
« J’ai failli perdre mon poste à cause de la lutte contre la corruption », dixit Jovenel Moïse
Jan. 21, 2020, midnight
« Le 4 septembre 2017, j’avais déclaré au lycée Pétion que le pays avait cinq problèmes : corruption, corruption, corruption, corruption et corruption. Depuis ce jour, mes problèmes ont commencé. J’avais mis le doigt sur une plaie sur laquelle les présidents avant moi avaient peur de toucher. J’ai failli perdre mon poste à cause de la lutte contre la corruption », a affirmé le chef de l’État. Sans le dire clairement, le président a laissé comprendre que les mouvements de protestation de ces derniers mois dans le pays au cours desquels des membres de la population ont gagné les rues pour exiger sa démission sont dus à sa lutte contre la corruption. Jovenel Moïse a dit qu’il n’a pas pour autant lâché prise. Le locataire du Palais national indique avoir demandé l’appui de l’OEA pour supporter les institutions haïtiennes engagées dans la lutte contre la corruption. « L’OEA a mis 18 millions de dollars à notre disposition sur quatre ans pour renforcer les institutions dans la lutte contre la corruption au pays », a-t-il révélé. Jovenel Moïse a fait savoir qu’il y a dans le pays trois institutions impliquées dans la lutte contre la corruption : l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), l’Unité centrale des renseignements financiers (UCREF) et l’Inspection générale des finances (IGF). Pour bloquer la corruption, ce dernier dit avoir la pris la décision de digitaliser l’administration publique. Dans la lutte contre la corruption dans le pays, le président de la République a omis de souligner qu’il est accusé de détournements de fonds via son entreprise AGRITRANS S.A. dans le deuxième rapport de la Cour supérieure des comptes sur l’utilisation du fonds PetroCaribe. Selon le rapport de la Cour des comptes, « …le 26 août 2014, bien avant même d’avoir été sollicitée, ni d’avoir présenté une offre technique et financière et encore moins d’avoir signé un quelconque contrat, l’entreprise AGRITRANS a bénéficié d’un montant de 5 000 000 HTG (Chq #123564). Le libellé de la transaction mentionne que cette somme est destinée à l’achat de carburant dans le cadre de la réhabilitation du tronçon Borgne-Anse-à-Foleur, un autre projet distinct du projet de réhabilitation du tronçon de la route Borgne-Petit Bourg de Borgne ». En outre, la Cour a dit faire une découverte troublante dans le même dossier. « En effet, la Cour a constaté que, le 12 décembre 2014, pour le même projet, le MTPTC a accordé un autre contrat à une deuxième firme, en l’occurrence BETEX INGENIEURS CONSEILS (BETEXS) pour la réalisation des travaux du même tronçon de route Borgne – Petit Bourg de Borgne. La valeur du contrat signé entre le MTPTC et la firme BETEX s’élève à 34 998 785,50 HTG et celui-ci intervient deux mois après le premier contrat. Il y a donc eu deux contrats signés par le MTPTC pour le même projet. L’un avec la firme AGRITRANS S.A. pour un montant de 39 990 399 HTG, l’autre avec la firme BETEXS pour un montant de 34 998 785,50 HTG. La Cour n’a pas été en mesure de retracer les décaissements relatifs au contrat de BETEXS », a révélé la CSCCA. Dans le rapport de la Cour des comptes il est dit qu’il y a eu dans ce dossier de AGRITRANS « collusion, favoritisme et détournement de fonds ». Par ailleurs, dans cette interview à Local 10 news, le chef de l’État a exprimé le regret d’avoir fait trop de réserves dans les informations à partager avec la population. « Si j’avais dit tout ce que je devais dire à la population, je vous garantis qu’on n’aurait pas connu toute cette situation… », a-t-il avoué, promettant de communiquer plus souvent et sur presque tous les dossiers. Alors qu’on n'entend pratiquement plus parler de la Caravane, le chef de l’État a fait savoir que la Caravane est actuellement à travers tout le pays en train de construire des routes…