Le Nouvelliste
Nos yeux pour pleurer…
Aug. 27, 2020, midnight
Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer des compatriotes emportés par les vagues de la mer ou les rivières en crue, à divers moments de la vie et à l’occasion de chaque saison cyclonique. Comme s’il s’agissait d’une grande fatalité survenue après que le désespoir a poussé des frères et sœurs de catégories sociales défavorisées à affronter des océans, en quête de terres plus clémentes. Comme s’il s’agissait d’une malédiction résultant du choix qu’on a fait de vivre dans ce pays, devenu très vulnérable face à toutes sortes de calamité ,catastrophe naturelle ou humaine On ne peut prévenir jusqu’ici le passage d’un séisme, scientifiquement. Mais il y a longtemps que les tempêtes, ouragans ou cyclones sont l’objet de prévisions d’une exactitude déroutante. Ce qui laisse, à tous les dirigeants d’États responsables, le temps de planifier, de se préparer, en fonction de la saison cyclonique, allant de juin à novembre, tous les ans. Pour nous du Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), cette tempête Laura - qui a fait des victimes et des disparus à travers tout le pays, même à la capitale - accuse notre désastre environnemental et un manque de sensibilisation des autorités concernées autour du passage de cette première catastrophe de l’année. Nous en voulons pour preuve flagrante le fait que parmi les victimes anonymes, dénombrées dans les media ainsi que dans les bilans et rapports des autorités, se détachent une jeune personne, censée avisée, médecin de son état, qui a perdu sa vie, en même temps que son enfant. On ne peut non plus stopper une catastrophe naturelle, mais, les États responsables exécutent de grands travaux d’intérêt public - aménagement du territoire, drainage, curage des canaux, centre d’accueil ou d’hébergement - pour minimiser les risques que peuvent encourir les populations. Il y a longtemps que des villes nouvelles n’ont pas été conçues dans ce pays, elles poussent comme des herbes sauvages. Il y a longtemps que d’anciennes villes méritent d’être rénovées, alors que leurs extensions constituent un défi à l’urbanisation, un déni de modernité, se font dans la plus complète anarchie. Ce n’est pas dans un ancien quartier d’une quelconque ville de province que cette professionnelle et son enfant sont portés disparus, emportés, sans doute, par les eaux en furie; mais, dans un tout nouveau développement prétendument huppé (Tabarre à moins de 13 km du Palais national). Que dire de toutes les poches d’habitat de misère, de fortune, des bidonvilles qui peuplent et ceinturent tous les quartiers et montagnes surplombant nos villes! Les rares travaux de peu d’envergure, entrepris ces derniers temps dans le pays, sont noyés dans des scandales de corruption, restés inachevés, quand ils ne sont pas l’objet de projet virtuel, trompe-l’œil, bidon, profitant aux dirigeants assoiffés d’enrichissement illicite. À ce sujet, nous fixons nos regards sur les ‘‘Fonds Petro Caribe’’, lesquels n’ont pas été seulement dilapidés, mais, constituent un gâchis total de la généreuse coopération bolivarienne; vu que le peu, de ces fonds traçables, a été très mal utilisé, employé dans des œuvres n’entrant dans aucun plan global. Avec autant de disponibilités, d’opportunités financières, la République voisine a réalisé de grandes œuvres, en matière d’infrastructures, au bénéfice de sa population. Voilà pourquoi nous ne saurions accorder une amnistie encourageante à ces prédateurs du droit des autres, à ces fossoyeurs de la patrie commune, à ces dilapidateurs de fonds publics; et travaillons, sans relâche, pour la réalisation du procès équitable de toutes les personnes impliquées, de près ou de loin, sans distinction de sexe, de classe, d’appartenance politique dans ce vaste complot criminel contre la population haïtienne. Nous autres du parti RDNP pensons que chaque centime des deniers publics, volé, gaspillé ou mal dépensé, constitue un crime de lèse humanité punissable, compte tenu, particulièrement, de la pauvreté du pays, de la misère de l’écrasante majorité de la population, des dettes sociales séculaires à honorer, des lourds déficits infrastructurels, institutionnels à combler. Par conviction idéologique, nous plaçons la femme et l’homme haïtiens au centre de toutes nos préoccupations pour la satisfaction légitime de leurs profondes aspirations au bien-être matériel, de leur doux rêve, intime et ultime, de vivre dans un chez-eux prospère, décent et accueillant. Nous prenons ainsi, respectueux de notre ligne doctrinale, la direction du chemin et des chantiers des espérances concrètes qui s’accrochent à relever les défis économiques, sociaux, politiques et culturels, s’articulent autour de l’alternance des partis au pouvoir, s’accrochent à la pédagogie de la tenue d’élections régulières, démocratiques, promeuvent la sincérité en politique, misent sur la bonne gouvernance, se détournent des voies machiavéliques, et placent, en toute circonstance, la défense du bien public, de l’intérêt collectif, au-dessus de tout. Nous sommes convaincus que le pays souffre encore du sommeil des citoyennes et citoyens, de bon commerce, tardant à se réveiller, à se rassembler pour former l’équipe de responsables, nécessaires à assurer la transition de rupture vers un nouveau système politique. Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou an men. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP