this used to be photo

Le Nouvelliste

Sécurité : les exhortations américaines rejoignent les souhaits de l’opposition

Nov. 26, 2020, midnight

Le Département d’Etat américain exhorte le gouvernement haïtien à traduire en justice Jimmy Chérizier, alias Barbecue. «Le département d’Etat continue aussi d’exhorter le gouvernement haïtien à traduire en justice Jimmy ''Barbecue'' Chérizier», a écrit Ryan Kaldahl, l’assistant du secrétaire d’Etat américain pour les affaires législatives dans une lettre responsive à la congresswoman Federica Wilson en date du 17 novembre 2020.  « Les Etats-Unis supportent la Police nationale d’Haïti dans ses efforts pour maintenir l’ordre, appréhender les auteurs de violations des droits humains comme Chérizier », poursuit cet officiel du Département d’Etat. Il a souligné, dans cette lettre d’information à Federica Wilson, que l’ambassade des Etats-Unis en Haïti continue régulièrement à soulever ses préoccupations liées à l’insécurité et aux abus des droits humains. « Des officiels américains ont exhorté le gouvernement haïtien à protéger les citoyens et citoyennes les plus vulnérables en empêchant la prolifération des gangs et en poursuivant en justice les auteurs de violence », a indiqué Ryan Kaldahl. Avant l’exhortation des Etats-Unis, les Nations unies, il y a plusieurs mois, avaient appelé le gouvernement à exécuter le mandat décerné par la justice contre Jimmy Chérizier. « Nous encourageons une fois de plus les autorités haïtiennes à poursuivre les auteurs présumés de crimes, d'abus ou de violations des droits de l’homme, et d’exécuter les actes judiciaires émis, y compris le mandat d’amener émis à l’encontre de plusieurs chefs de gangs, notamment Jimmy Chérizier, alias Barbecue, visé par un mandat émis en février 2019 pour son implication présumée dans les attaques de Grand-Ravine, en novembre 2017. Il serait également impliqué dans d'autres incidents meurtriers, dont celui de La Saline en novembre 2018 et de Bel-Air en novembre 2019 et plus récemment dans les incidents de Pont-Rouge et Cité Soleil », a fait savoir le communiqué du BINUH, le 12 août dernier 2020. Le responsable du RNDDH, Pierre Espérance, interrogé par le journal, croit, à travers cette exhortation à traduire en justice Jimmy Chérizier, que le Département d’Etat et des parlementaires américains partagent les mêmes préoccupations. Par rapport aux dérives du pouvoir, par rapport aux massacres, à la corruption, à l’impunité, les États-Unis, supporteurs du gouvernement haïtien, se retrouvent dans « une situation extrêmement difficile », a estimé Pierre Espérance. Sur ces points, les Etats-Unis ont marqué la rupture, a-t-il ajouté. G-9 an Fanmi ak alye tuent et kidnappent. Il y a des Américains parmi ces victimes, a rappelé Pierre Espérance, qui tance le gouvernement. « Au lieu de renforcer la PNH, la seule force publique du pays, les autorités préfèrent renforcer des gangs et des bandits… La PNH est affaiblie, la justice instrumentalisée et on renforce les gangs. Les autorités banalisent la vie des gens », a dénoncé Pierre Espérance. « Ce qui est important pour ce pouvoir est de se renouveler à travers des élections frauduleuses qu’il a l’intention de réaliser dans le pays » », a poursuivi le militant des droits humains, qui dénonce la banalisation de la vie. « Jimmy Chérizier a été utilisé pour terroriser les couches populaires de Port-au-Prince. Il est l’un des auteurs des massacres de La Saline, Bel-Air, Cité Soleil.  Jimmy Chérizier et les autres assassins qui assassinent, pillent et cassent doivent être arrêtés et jetés en prison. Cela participe de la dynamique de construction d’un climat de sécurité et de paix dans le pays. Évidemment, on ne peut pas demander aux assassins de combattre les assassins. Seul un gouvernement de transition responsable et équilibré aura la vertu de sortir le pays de cette situation de catastrophe », a confié au journal Me André Michel, porte-de-parole du Secteur démocratique et populaire, une structure de l’opposition au président Moïse. « Le pouvoir a utilisé les groupes armés pour contrôler les quartiers populaires qui ont toujours été très impliqués dans la mobilisation antigouvernementale. La fédération des gangs est donc une manœuvre machiavélique du pouvoir pour casser la mobilisation anti-gouvernementale. Mais attention, on peut tout faire avec une épée, sauf s’asseoir dessus. Jovenel Moïse est donc pris dans son propre piège. La multiplication des groupes armés a compliqué la situation politique et commence à desservir le pouvoir sur le plan politique et diplomatique », a indiqué André Michel. « Il faut aussi rappeler que les groupes armés constituent la principale branche sur laquelle est assis le pouvoir de Jovenel Moïse », a souligné cet opposant au président Moïse. Entre-temps, l’exécutif a effectué des changements au niveau de la direction générale de la PNH. Léon Charles remplace Rameau Normil à la direction générale de la PNH. Il y a aussi eu des changements au niveau de l’état- major. Les chefs de l’exécutif, le président Moïse et son Premier ministre Joseph Jouthe ont confié à la PNH la mission de sévir contre les gangs et de ramener la paix dans les esprits et dans les rues. Roberson Alphonse