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Le Nouvelliste

Une dictature populacière dangereuse

May 8, 2020, midnight

Il y a plein d’indices, sinon, des preuves patentes - dans les manifestions organisées, ces derniers temps, dans le pays, tant par des membres de la population que par ceux d’institutions publiques ou de corps constitués - d’un refus de l’autorité, de la hiérarchie, de l’État, sinon, d’une dictature populacière… En ce que, les formes d’expression des revendications - pour justes soient-elles - prennent souvent l’allure d’une destruction des symboles, structures physiques et biens de l’État. Sans vouloir être exhaustif dans notre rappel, nous avons en mémoire les nombreux dégâts causés par des policiers favorables à la formation syndicale au sein de la Police nationale d’Haïti(PHH), les menées belliqueuses de ceux opérant encagoulés et regroupés au sein d’une organisation clandestine «Fantôme 509». Il faut aussi noter les frasques de quelques honorables députés et sénateurs de la 50e Législature, piaffant, emportant, comme une bourrasque, tout sur leur passage pour obtenir gain de cause, dans les débats au sein de l’hémicycle. En fin, il faut rappeler les dommages causés par des ambulanciers à une structure hospitalière, en pleine période d’incertitudes et d’inquiétudes de la propagation de la pandémie du Covid-19, à travers le monde. Nous aurions pu enfoncer le clou, en ajoutant au tableau la partition du territoire national par des gangs armés travaillant à leur compte ou sous la protection de «bandits légaux». Nous du Rassemblement des démocrates, nationaux, progressistes (RDNP), dans nos réflexions et analyses, tiennent, pour cause fondamentale de cet état de fait, l’incurie, l’impéritie, la faiblesse graduelle de l’État, et le déficit de crédibilité, de légitimité, d’autorité, de responsabilité des gouvernants successifs, débouchant sur cette crise de confiance aigüe des gouvernés. Incommensurables sont les conséquences de cette situation pour le pays, dans la mesure où la répétition ou la perpétuation de ces faits délictueux, non sanctionnés, tendent à s’inscrire comme normes sociales, rendant difficile, voire, impossible un retour à l’ordre républicain. Sans le recours à un traitement de choc… Nous prenons le risque de dire, tout haut, ce que d’autres n’osent dire, tout bas, nous inclinant à tenir le langage de la sincérité politique et à faire, de nos prévisions et observations, l’objet de recherches d’études de solution viable, fiable, durable, pour le renouveau du pays, pour la régénération de la société. C’est dans cet esprit que nous ne cessons d’appeler les citoyennes et citoyens de bon commerce, de bonne foi et de bonne volonté à se rassembler pour limiter les dégâts, les heurts, que peuvent entrainer la mise en place d’un État de droit démocratique, tourné vers le progrès économique, l’émancipation sociale et, surtout, la bonne gouvernance, après un pourrissement total de la situation. Nos observations, mieux, nos réflexions sur ces faits conjoncturels, en apparence anodins, banals, s’appuient sur des considérations d’ordre socio-politico-historique touchant à nos dispositions de créer, puis, d’administrer l’État dont nous avons hérité, il y a plus de deux cents ans. Tout laisse supposer que nous sommes un peu allergiques, disons, peu habitués à mener une vie rigoureuse, dans la poursuite d’un objectif commun, à travers ou dans le cadre d’institutions nationales. Les successions de coup d’Etat, les gouvernements éphémères ponctuent l’histoire de ce pays à côté des périodes de scission et de troubles politiques armés. De 1986 à nos jours, nous traînons une période de transition vers la démocratie comme un deuil, comme un boulet à nos pieds ; situation qui dégénère en cette anarchie déguisée, traduite dans une corruption des mœurs, une perte des valeurs morales et spirituelles, une faiblesse institutionnelle métastasée, une incohérence des actions des gouvernements successifs, un effritement presque total de l’autorité de l’État… Nous tardons encore à créer un État accroché au destin de la population par des liens profonds et organiques qui puissent la permettre de se transformer en une Nation, travaillant à sa perpétuation, à son évolution, à travers les siècles. Nous risquons de rater les opportunités offertes à partir des leçons à tirer de la propagation mondiale de la pandémie du Covid-19, enseignant à tous les peuples de transcender les divisions, incompréhensions et querelles séculaires, et, aux États de réorienter leurs politiques vers plus de responsabilité, de fraternité, de solidarité, d’humanité… Nous risquons de rater bêtement le train de la «dernière transition» vers un changement irréversible du système peze souse, tout voum se do, pito nou led nou la, qui s’imposait bien avant cette débâcle mondiale… Nous fondons tous nos espoirs sur le réveil opiniâtre des Guerriers de lumière, des Magistratures morales, des citoyennes et citoyens, conscients de la dégénérescence de la société pour impulser le saut qualitatif et quantitatif dans la direction des chantiers et du chemin des espérances concrètes. Question de stopper l’œuvre de destruction maléfique des «bandits légaux» sur le pays, pareille à celle qu’édifie le Covid-19 sur l’ensemble de la planète. Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale. Met men, pran desten nou anmen. Eric Jean Baptiste Secrétaire Général du RDNP